« Les graminées sont de plus en plus problématiques dans les parcelles de colza », a informé Fanny Vuillemin, chargée d’études chez Terres Inovia, lors d’un webinaire qui s’est tenu le 16 juin 2025. Selon la dernière enquête sur les pratiques des colzaïculteurs, en 2022, 20 % des parcelles étaient ainsi infestées de ray-grass (comparé à 5 % en 2012). Quant au vulpin, c’est sur 10 % des parcelles qu’il posait problème en 2022 (contre 5 % 10 ans plus tôt).
Cette évolution s’explique, selon l’institut technique, par la progression des systèmes simplifiés. À la faveur du changement climatique, le ray-grass est aussi davantage capable de lever en sortie d’hiver, voire au printemps. En outre, les solutions herbicides sont moins performantes avec des populations résistantes (aux inhibiteurs de l’ACCase et de l’ALS), voire font l’objet de restrictions réglementaires ou de retraits.
Dans ce contexte, Terres Inovia a d’abord rappelé l’importance des leviers agronomiques : rotations diversifiées avec introduction de cultures de printemps, labour occasionnel tous les 3-4 ans, faux semis… Le désherbage mécanique peut aussi être activé en complément des stratégies herbicides. Toutefois, cette solution sera plutôt à réserver aux situations à faible pression de graminées.
Humidité du sol essentielle
« En forte pression de ray-grass ou de vulpin, les interventions de présemis ou de prélevée sont incontournables pour sécuriser le potentiel du colza », a par ailleurs insisté Arnaud Micheneau, ingénieur de développement sur la flore adventice et les herbicides chez Terres Inovia.
L’efficacité des herbicides est d’abord influencée par les conditions à l’application, notamment d’humidité du sol. Il est à noter également que les vulpins, avec des levées plus tardives, peuvent justifier des reports d’application en postlevée précoce, ce qui est vivement déconseillé sur ray-grass.
Sur vulpins, deux substances actives demeurent stratégiques : le métazachlore et la napropamide. En forte pression, aller sur une application en présemis incorporé reste plus sécurisant en termes de régularité d’efficacité avec 900 g/ha de napropamide (Colzamid 2 l/ha). Le métazachlore à 750 g/ha (Butisan 1,5 l/ha) est aussi une référence. Dans les situations où l’emploi de 750 g/ha n’est pas possible (lire l’encadré), l’association de 500 g/ha de cette molécule avec 500-600 g/ha de napropamide est à privilégier. Enfin, si l’on souhaite travailler sans métazachlore, Colzamid à 2 l/ha en prélevée est conseillée.
En cas de forte pression de ray-grass, les solutions sont plus variées que sur vulpin. Toutefois, 900 g/ha de napropamide incorporée en présemis restent aussi le plus efficaces et sécurisants. En prélevée, les solutions possibles sont par exemple : 750 g/ha de métazachlore, ou 500 g/ha associés à 500 g/ha de dimétachlore ou 400 g/ha de métazachlore + 400 g/ha de DMTA-P (Springbok 2 l/ha). Sans métazachlore, il est possible d’opter pour du dimétachlore à 625 g/ha + napropamide 625 g/ha (Colzor trio 3,3 l/ha) ou encore à 900 g/ha de péthoxamide (Kilat 1,5 l/ha)… « La napropamide seule en prélevée à moins de 1 200 g/ha est à éviter », prévient Terres Inovia.
Enfin l’institut rappelle que « ce contrôle précoce des graminées, même partiel, va permettre une meilleure réaction de la propyzamide pour assurer ensuite l’efficacité finale ».