« J’ai acquis, avec le temps, de l’expérience sur le binage du maïs et du colza, explique Eric Chanu, agriculteur à Louviers dans l'Eure. J’ai notamment désherbiné du maïs pendant presque vingt ans. Ainsi, j’ai pu réduire la quantité d’herbicide de deux tiers par rapport à un passage en plein. Je me suis aussi équipé depuis près de dix ans d’une bineuse à colza en le semant à 50 cm d’écartement."
Un système de guidage par caméra
«Mais, ces bineuses poussées étant fatigantes à conduire, il y a trois ans, je suis passé à la vitesse supérieure en achetant un système de guidage par caméra (interface Phénix Agrosystème). J’ai donc transformé mes bineuses Monosem pour qu’elles puissent aller à l’arrière du tracteur. Grâce au binage caméra, c’est maintenant plus confortable pour moi et mon travail est beaucoup plus précis et rapide."
«Pour réussir sur maïs, il faut intervenir suffisamment tôt et en conditions sèches. Certaines années, le binage peut suffire grâce aux cache-plants, qui mettent de la terre fine sur le rang, permettant ainsi de se passer de toute intervention chimique, comme en 2022 et 2023. Mais encore faut-il avoir une météo favorable, ce qui n’a pas été le cas en 2016 ou encore cette année, où j’ai dû désherber en plein."
«En revanche, j’ai toujours réussi à biner le colza. Je le sème très tôt, au 15 août, ce qui a tendance à réduire la quantité de ray-grass levés. Ma première intervention commence par un binage, aux alentours de 4 feuilles du colza. Il y a en effet toujours des conditions favorables en septembre et la bineuse reste attelée à l’avance. Ensuite, le premier et seul traitement à l’automne est un herbicide à base de propyzamide. J’ai donc un IFT (indice de fréquence de traitement) contre souvent trois chez mes collègues."
Une mise en oeuvre compliquée sur les céréales et le lin
«Je suis également équipé de bineuses à 25 cm d’écartement pour les céréales et à 12,5 cm pour le lin. Toutefois, le désherbage mécanique demeure malgré tout compliqué à mettre en œuvre sur ces deux cultures. D’autant qu’ici, la problématique c’est le ray-grass, résistant aux ALS, FOP et DIM... Parfois, il m’arrive de devoir ensiler du blé. Je suis même obligé de ressortir la charrue pour réduire la pression."
«Ainsi, la bineuse peut être efficace sur des dicotylédones, mais il est plus difficile d’éliminer des graminées, sur lesquelles il faut intervenir très tôt. En parallèle, plus le temps passe, moins il y a de produits disponibles et ceux qui restent se voient attribuer des réductions de doses et des restrictions d’usage (comme sur sols drainés). »