Dans le cadre de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, la ministre de la Transition écologique et solidaire a été auditionnée le 29 janvier 2020 à l’Assemblée nationale. Elle a réaffirmé son ambition concernant l’interdiction du glyphosate, qu’elle qualifie « d’ambitieuse » mais de « réaliste ». Son calendrier reste clair : « Nous voulons mettre fin aux principaux usages du glyphosate pour lesquels des alternatives existent d’ici au 1er janvier prochain et à l’ensemble des usages d’ici au 1er janvier 2023. »

Quel sort pour l’agriculture de conservation après 2023 ?

La ministre s’est dite particulièrement vigilante pour « accompagner les agriculteurs pour les situations qui ne présentent pas d’alternatives immédiates ». Elle a même mentionné l’agriculture de conservation des sols « qui a des impacts très intéressants en termes de lutte contre le dérèglement climatique et que mon ministère encourage. Cela donne une très belle image de l’agriculture ».

 

Et « envisagez-vous que cette agriculture [de conservation des sols] puisse faire l’objet d’une dérogation lorsque la France décidera d’interdire le glyphosate complètement ? » lui a demandé le député Didier Martin. Il y aura des aménagements de la loi... jusqu’en 2023, a répondu la ministre, n’apportant pas de solutions au-delà de cette date. Elle a juste affirmé qu’il y a « des pistes sur les semis directs sous couvert permanent ». Il reste à voir si ces pistes aboutiront sur des solutions adaptées au terrain.

 

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Une porte ouverte à l’agribashing

La ministre et différents députés ont réaffirmé leur confiance dans la science et particulièrement dans l’Anses. Mais ils ne sont pas revenus sur l’avis de non-cancérogénéité du glyphosate de cette même agence française et celui de 12 autres dans le monde.

 

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Dans un souci, dit de « transparence », Elisabeth Borne a affirmé avoir œuvré pour que chacun « puisse avoir librement accès aux données territorialisées : depuis le 1er juillet 2019, les données d’achats de produits phytopharmaceutiques contenues dans la banque nationale des ventes des distributeurs ont été rendues publiques à l’échelle du code postale. »

 

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Des distinctions nécessaires

Le président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale a présenté l’état des travaux du Palais-Bourbon. Il a fait ressortir les difficultés et impasses de ce projet de loi, particulièrement celles de l’agriculture de conservation des sols ou de la viticulture en coteau.

 

Il a souligné certains points habituellement absents du discours politique et médiatique : distinction entre les ventes et l’utilisation de glyphosate, entre son utilisation comme désherbant en interculture et comme dessiccant de prérécolte, ou encore entre le glyphosate épandu en France et celui épandu à l’étranger et importé via les produits alimentaires.

 

Tous les députés n’ont pas ce niveau de connaissance du dossier. L’ensemble de l’audition s’est déroulé dans un climat d’amalgame entre le glyphosate, les herbicides et les pesticides en général. Elisabeth Borne n’a pas non plus évoqué les distorsions de concurrence qu’entraînera l’interdiction du glyphosate.

 

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