Après le début de la vaccination des canards contre la grippe aviaire en France et les annonces de restrictions d’importations de volailles françaises à compter du 1er octobre 2023 des États-Unis et du Canada, le Japon, comme attendu, a aussi imposé des restrictions. Il s’ajoute à la liste des pays ayant décidé ces mesures provisoires, aux conséquences économiques limitées pour l’instant.
Pour Yann Nédélec, directeur de l’interprofession de la volaille française Anvol interrogé par l’AFP, « à partir du moment où l’on vaccine, ces pays sont en droit de considérer que la France n’est plus une zone indemne de grippe aviaire ».
La situation est plus problématique pour les produits à très forte valeur ajoutée
La situation au Japon est surtout problématique pour le foie gras, produit symbole de la gastronomie française, a indiqué auprès de l’AFP la directrice du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), Marie-Pierre Pé : les flux à destination des États-Unis sont quasi nuls et les restrictions au Canada ne concernent que le cru.
Mais la décision de Tokyo était attendue et « on avait pris des précautions en amont pour pouvoir servir les Japonais pendant les fêtes de fin d’année », a-t-elle indiqué. Les volumes impliqués à l’échelle de la filière « ne sont pas énormes », indique Yann Nédélec. Mais des produits à très forte valeur ajoutée, comme la volaille de Bresse vers le Japon, sont concernés, remarque le représentant de l’Anvol.
Selon les Douanes françaises, dans la catégorie « volailles vivantes et œufs », les exportations vers les États-Unis ne représentaient par exemple que 1 % des exportations totales de la France. En revanche, les restrictions sont problématiques pour le secteur de la génétique, qui comprend les œufs à couver et les volailles d’un jour envoyés dans d’autres élevages pour la production d’œufs de consommation ou de volailles de chair, affirme le responsable de l’Anvol, en soulignant que la France est reconnue pour son savoir-faire dans les souches rustiques ou sous label bio. Un dispositif de surveillance du virus, notamment pour rassurer les pays qui redoutent que le virus circule à bas bruit dans les élevages, a été mis en place, indique Yann Nédélec.
Top départ à la vaccination contre la grippe aviaire (02/10/2023)
« Nous pourrons supprimer ou réduire les restrictions »
Le gouvernement français a décidé de rendre obligatoire la vaccination dans les élevages de plus de 250 canards, hors reproducteurs, à partir du 1er octobre pour tenter d’enrayer la propagation de la grippe aviaire, après plusieurs années de crise sanitaire. Mais la campagne de vaccination menée dans les élevages préoccupe les pays importateurs de volailles françaises.
Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a expliqué dans un message à l’AFP que la vaccination « peut masquer une infection par le virus de la grippe aviaire […] et ainsi permettre l’exportation d’animaux vivants infectés ou de produits contaminés par le virus vers les États-Unis ». Le pays a donc interdit les importations en provenance de France de volailles vivantes, d’œufs à couver — destinés à faire de futurs poussins ou canetons — ainsi que des viandes de volailles non transformées. Les produits issus de volailles cuits ou cuisinés de façon que le virus soit détruit peuvent toujours être importés avec la documentation adéquate, a précisé l’USDA.
Ne pouvant garantir que des canards vaccinés, potentiellement porteurs sains de la maladie, ne circulent pas librement au sein des pays européens membres du marché commun, les États-Unis ont aussi restreint les importations de canards vivants et de produits crus issus du volatile en provenance de cette zone. Les pays européens mais aussi la Suisse, la Norvège et le Liechtenstein sont concernés par ces mesures. Le Canada quant à lui réserve ses mesures aux volailles françaises.
Dans les deux cas, les deux pays ont affirmé échanger avec la France et l’Union européenne. « Lorsque nous recevrons tous les documents nécessaires confirmant que la stratégie de vaccination, de surveillance et de contrôle des mouvements n’augmentera pas le risque de grippe aviaire […], nous pourrons supprimer ou réduire les restrictions liées à la grippe aviaire », a souligné le ministère américain.