Rien ne vaut une semaine de travail sur une exploitation agricole pour cerner les forces et le caractère d'un engin. Les trois chargeurs télescopiques ont donc passé plusieurs jours à charger du fumier, empiler des balles rondes ou encore déplacer des palettes sur une ferme située dans la région de Darmstadt, en Allemagne. Afin de tester les capacités hydrauliques des engins dans des conditions intensives, ils ont été soumis aux travaux forcés pendant une journée dans une station de compostage voisine de la ferme. Les travaux de manutention du compost y sont habituellement effectués par de grosses chargeuses industrielles
articulées.
Transmission: l'hydrostatique plébiscitée
La tâche était donc titanesque pour les chargeurs télescopiques qui s'en sont pourtant sortis avec les honneurs. Cette semaine de travail a mis en lumière les points forts et les aspects perfectibles des trois concurrents. Ainsi, la transmission hydrostatique reste le gros point fort du Merlo. Elle permet de toujours rouler en souplesse et l'inversion rapide du sens de marche est un avantage pour les travaux de chargement. Bien que chaque action sur l'inverseur s'accompagne d'un sifflement et d'une montée de régime, la présence d'une pédale d'approche est le petit plus qui propulse cette transmission en tête du trio.
Du côté des convertisseurs de couple, la souplesse s'est améliorée, de même que l'ergonomie des commandes. Le JCB et le Manitou utilisent le même principe de molette placée sur l'inverseur pour les quatre premiers rapports powershift. Plus pratiques que les anciens leviers placés à la droite du chauffeur et souvent au plancher, ils ne sont pas aussi ergonomiques que les systèmes installés sur le joystick. Les deux constructeurs proposent une automatisation des rapports de route.
Sécurité: tout pour éviter l'accident
Chaque constructeur propose les sécurités réglementaires, notamment au niveau de l'hydraulique. Les trois engins sont équipés d'un dispositif simple de verrouillage des fonctions hydrauliques. JCB propose en plus un bouton « panique » qui coupe toute l'hydraulique en cas d'urgence. La présence de ce système entraîne l'obligation d'activer le circuit hydraulique à chaque démarrage, même s'il est possible de faire avancer le chariot par erreur sans chauffeur. Du côté des indicateurs de surcharge, Merlo offre la possibilité de désactiver cette sécurité pour les travaux lourds. Néanmoins, ce déverrouillage s'effectue avec une clé, ce qui permet d'ôter cette possibilité à un conducteur novice. Chez Manitou et JCB, la sécurité ne peut pas être désactivée, mais il est possible de couper le son ou de le diminuer. Une fonction indispensable pour le chargement de fumier car il est difficile de supporter le bip incessant toute la journée.
Plus bruyants que les tracteurs
Un chauffeur habitué aux tracteurs modernes qui passe au chargeur télescopique sera probablement surpris par le niveau de bruit en cabine. Les trois modèles sont significativement plus bruyants que des tracteurs. Dans la cabine du JCB, c'est le bruit de la ventilation qui domine. Les mesures de la DLG montrent qu'il est le moins bruyant de l'essai. Le Manitou et le Merlo réalisent des performances équivalentes. À bord du Manitou, l'animation sonore est le fait de la transmission qui grogne et grince légèrement. De son côté, le Merlo mixe les couinements de la direction avec les envolées de l'accélérateur et une résonance à grande vitesse.
Le load-sensing incontournable
L'hydraulique reste la fonction majeure sur ces engins de manutention. Tous proposent désormais un circuit load-sensing avec des commandes proportionnelles qui permettent théoriquement de réaliser plusieurs fonctions en même temps et avec précision. Cette configuration est proposée depuis quatre ou cinq ans sur la plupart des modèles haut de gamme et on peut se demander comment il est encore possible de s'en passer. Sur les appareils qui ne la proposent pas de série, c'est l'option qui semble la plus indispensable.
Parmi les autres options figurant sur les chariots télescopiques testés se trouvent les systèmes de déport latéral et de compensation de dévers du Merlo. Bien que très utiles, ils ne sont pas indispensables et il est possible d'effectuer un travail sans eux, même si le chauffeur doit s'employer plus longtemps. En revanche, les suspensions d'essieu ou de flèche devraient devenir rapidement indispensables tant leur effet sur le confort du chauffeur est notable. La solution la plus efficace reste la suspension d'essieu proposée par Merlo, mais les suspensions de flèche Manitou et surtout JCB apportent elles aussi une réelle amélioration.
Les évolutions à venirLes trois constructeurs proposent des évolutions par rapport à ces chargeurs testés au printemps 2007. Ainsi, le JCB 536-70 reçoit un moteur maison conforme à la norme Tier 3 et délivrant 130 ch, soit 5 ch de plus que la version de 2006. De son côté, Manitou propose une nouvelle cabine avec un tableau de bord modernisé et surtout un joystick intégrant toutes les fonctions. Conçu en collaboration avec des spécialistes de l'ergonomie, c'est une évolution du joystick proposé jusqu'à présent en option sur certains modèles. Les commandes d'inverseur et de la boîte powershift sont ainsi activées avec les doigts de la main droite, sans lever le coude. Le constructeur français adopte également un moteur Tier 3. Pour Merlo, le passage à la norme Tier 3 se traduit par l'adoption d'un moteur Deutz avec injection par common-rail. |