À leur tour, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs reçoivent très fraîchement la proposition du trimestre anti-inflation formulée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 6 mars 2023 : « Cette opération commerciale ne rejoint pas l’ambition d’un dispositif national à l’impact sociétal élevé. Nous ne pouvons pas cautionner un dispositif qui va relancer la guerre des prix entre les distributeurs et qui se fera une nouvelle fois au détriment des autres acteurs des filières alimentaires », réagit le syndicat agricole quelques jours plus tard.
Opération commerciale
Le lundi 6 mars 2023, Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, ministre en charge du Commerce, avaient réuni la grande distribution à Paris. Le ministre avait annoncé l’enterrement de son idée d’un panier anti-inflation. Pensée en janvier, cette initiative devait se mettre en place à la mi-mars en bloquant pendant trois mois les prix d’une cinquantaine de produits alimentaires et non alimentaires.
Elle avait fait l’unanimité contre elle, les distributeurs refusant de voir l’État fixer ses prix, et les agriculteurs refusant de confier la gestion de l’aide alimentaire à la grande distribution. Le ministre de l’Économie avait donc annoncé un trimestre anti-inflation. Il consisterait en une opération commerciale soutenue par l’État mais financée par les enseignes qui redeviendraient maîtres du choix des produits concernés, essentiellement puisés dans les marques de distributeurs.
Critiques des consommateurs
Trois grandes associations de consommateurs, UFC-Que choisir, Familles rurales et CLCV ont réagi de façon très critique en écrivant à la Première ministre Élisabeth Borne le 9 mars 2023. Le Modef s’était exprimé le même jour en dénonçant cette opération commerciale.
Risque d’arnaques
Dorénavant, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs adressent leurs critiques. Ils se déclarent particulièrement attentifs à deux aspects du trimestre anti-inflation : « D’une part, que l’opération ne se solde pas par une pression accrue sur les fournisseurs et, d’autre part, que les produits qui porteront le logo tricolore Trimestre anti-inflation affichent clairement leur origine pour éviter les arnaques au Made in France. »
Relance du chèque alimentaire
En revanche, la FNSEA et Jeunes agriculteurs continuent de soutenir le chèque alimentaire ciblé, « seul dispositif qui aura un impact social avéré sans conséquence sur la valeur créée tout au long des filières alimentaires. » Le 6 mars 2023, Bruno Le Maire avait repris à son compte les annonces déjà faites par son homologue aux Solidarités Jean-Christophe Combe à savoir la création d’un fonds de vingt millions d’euros en 2023 pour, entre autres, expérimenter le chèque alimentaire dans certaines régions.
Le chèque alimentaire consiste à réserver un crédit aux plus démunis pour leurs achats d’aliment en accordant une bonne place aux associations caritatives et aux épiceries solidaires. Cette idée faisait partie des propositions du débat citoyen préalable à la loi « Climat et résilience » de 2021, mais n’avait pas été reprise dans le projet de loi. Elle était revenue dans le programme électoral d’Emmanuel Macron en mars 2022. Un temps réanimée à l’été 2022, elle avait finalement été absente du projet de loi de finances pour 2023 pour laisser la place au panier anti-inflation, lui-même jeté aux oubliettes désormais.