Alors que le vote du renouvellement du glyphosate devrait être reconduit en novembre, faute de majorité qualifiée obtenue entre les États membres les 12 et 13 octobre 2023, les prises de position se poursuivent pour tenter de faire pression sur la décision européenne. C’est le cas des Fédérations régionales des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) de la Bretagne, du Centre-Val de Loire et de la Nouvelle-Aquitaine, qui ont publié, le 25 octobre, un bilan de leurs investigations sur l’affaire des glyphotests.
La campagne des glyphotests, lancée en 2018 par l’association Campagne Glyphosate France, avait pour but d’analyser les urines de personnes volontaires, afin d’y rechercher des traces de la matière active. Lancée en Ariège, elle a ensuite essaimé dans d’autres régions de France, notamment en Bretagne et dans le Centre.
5 400 plaintes déposées
Selon Campagne Glyphosate France, les résultats d’analyse montraient une détection de glyphosate dans les urines d’une grande majorité des personnes volontaires. 5 400 dépôts de plainte avaient été ainsi enregistrés dans plusieurs départements de France depuis le lancement de la campagne.
Toutes ont finalement été classées sans suite par le Parquet de Paris, a informé par communiqué Campagne Glyphosate France, le 15 octobre dernier. L’association a néanmoins indiqué étudier « tous les recours juridiques pour continuer de porter ces plaintes ». « Campagne Glyphosate continue de masquer la réalité, y compris aux honnêtes citoyens pisseurs de base, réagissent quant à elles les trois FRSEA. La justice a été instrumentalisée pour servir de tribune médiatique aux opposants, ce dans plus de 65 départements », dénoncent-elles encore.
La fiabilité des tests remise en question
Les FRSEA réaffirment aussi leur détermination « à faire la lumière sur les irrégularités entourant les tests ». Elles avaient, en effet, déjà dénoncé la méthode utilisée par Campagne Glyphosate France pour réaliser les analyses, à savoir le test Elisa. Selon elles et certains scientifiques, des incertitudes pesaient sur la fiabilité de ce test, en raison de son manque de spécificité (le test peut réagir à d’autres molécules que le glyphosate), et sur le fait qu’il était à l’origine prévu pour être réalisé sur l’eau et non sur l’urine.
La profession agricole s’était aussi lancée dans des tests comparatifs, en réalisant sur des agriculteurs volontaires des tests Elisa et d’autres types de tests, notamment avec la méthode par chromatographie, qui fait référence. D’après leurs résultats, la surestimation du test Elisa avait été confirmée, avec notamment des faux positifs.
« Les pisseurs savaient depuis 2020 que le test n’était pas fiable », dénoncent aujourd’hui encore les trois FRSEA. Selon elles, les opposants au glyphosate ont mis en place une « couverture du mensonge », qui existe toujours pour limiter des « conséquences médiatiques qui leur seraient néfastes ».