Réunie en congrès sur une exploitation maraîchère au sud de Limoges (Haute-Vienne), la Confédération paysanne a voulu lancer une nouvelle dynamique à moins de deux ans des prochaines élections professionnelles des chambres d’agriculture. Près de 500 congressistes étaient réunis du 25 au 27 avril 2023. Ils étaient 250 lors du dernier congrès il y a deux ans en Isère.

« Résister, construire et faire vivre l’agriculture paysanne » est la stratégie arrêtée par le syndicat qui surfe sur la vague de ces dernières actions comme celles à Sainte-Soline, non sans en froisser certains. « Certains adhérents en ont déchiré leur carte mais majoritairement le réseau a gonflé ses rangs. Le nombre d’adhésions explose », estime Laurence Marandola, membre de l’actuel secrétariat national du syndicat.

La paysanne de l’Ariège, qui a été réélue au sein du comité national lors du congrès, a d’ailleurs déjà déclaré son souhait de devenir porte-parole du syndicat. Nicolas Girod, qui briguait cette fonction depuis quatre ans, arrive en fin de mandat. La composition du nouveau secrétariat national sera connue dans un mois.

« Le carcan néolibéral capitaliste »

Dans son discours de clôture, Nicolas Girod a martelé l’ambition du syndicat : « Libérer les paysans du carcan néolibéral capitaliste ». « Ce modèle met en difficulté des tas de ferme qui sont prises entre des temps de travail qui explosent et une rémunération insuffisante, estime l’éleveur du Jura. C’est notre responsabilité de syndicaliste de la Conf' que de leur proposer une issue. Elle passera par un droit au revenu paysan qu’il va nous falloir arracher. »

Le syndicat vise aussi l’installation « d’un million de paysans » d’ici à une trentaine d’années alors que le nombre de chefs d’exploitation était de 416 000 en 2020, selon les résultats du dernier recensement décennal. « C’est revenir au nombre d’agriculteurs d’il y a 30 ans, constate Nicolas Girod. Mais pour autant cela ne veut pas dire que nous devons revenir à la binette, aux bœufs ou de revenir au travail à la main. »

Avant cela, le syndicat se fixe déjà pour objectif de remplacer dans les deux ans les départs à la retraite. Près de la moitié des agriculteurs a plus de 55 ans aujourd’hui.

« Une liste dans tous les départements »

Pour « arracher » tout cela, le syndicat souhaite peser davantage en améliorant sa représentativé alors qu’elle est à la tête d’une seule chambre d’agriculture actuellement, celle de Mayotte. « C’est avec l’action et l’institutionnel qu’on y arrivera. Une des stratégies pour peser plus, c’est de s’impliquer dans les élections professionnelles des chambres d’agriculture », a lancé Nicolas Girod aux congressistes présents.

Le syndicat veut présenter une liste dans chaque département et en gagner le plus possible. Lors des dernières élections de 2019, le syndicalisme majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs avait remporté la quasi-totalité des chambres.

« Alimenter nos convergences »

« L’autre stratégie pour peser plus, c’est d’alimenter nos convergences avec l’ensemble du monde social et écologique », martèle Nicolas Girod. La Conf' entend vouloir continuer à se mêler à la lutte avec d’autres mouvements comme le Collectif Nourrir, la plateforme pour une Sécurité sociale de l’alimentation ou encore Bassines non merci et les Soulèvements de la terre sur les sujets foncier et du partage de la ressource en eau. « Et cela commence dès ce 1er mai en manifestant aux côtés des citoyens contre la réforme des retraites », appuie Nicolas Girod.