"On a besoin d'accords commerciaux justes", a dit le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau lors du congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) à Metz, branche du syndicat agricole majoritaire de la FNSEA. "À cette date, on a dit que l'accord n'était pas acceptable. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas un accord un jour avec le Mercosur", a-t-il poursuivi, répétant que la France ne comptait pas signer "en l'état". L'accord conclu en 2019 entre l'Union européenne et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), après plus de vingt ans de négociations, n'a jamais été ratifié en raison d'inquiétudes en Europe sur la politique environnementale de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro.
Changement de ton avec le retour de Lula
Le ton a changé à la faveur du retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Lundi, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a affirmé que l'Union européenne espérait signer un accord d'ici à juillet. Les agriculteurs français, et les éleveurs bovins en particulier, redoutent de voir affluer sur le marché européen davantage de denrées agricoles sud-américaines soumises à des standards de production moins exigeants. À la différence de l'Union européenne, le Brésil n'a ainsi pas banni de la ration des animaux les antibiotiques activateurs de croissance.
Marc Fesneau a toutefois souligné "une grande ambiguïté en France": "On veut vendre du lait, on veut vendre du porc, on veut vendre des céréales, on veut vendre des vins et spiritueux" mais "dès qu'il y a un accord commercial, c'est le concours à celui qui n'en veut pas". "Il n'est pas question de s'opposer aux échanges commerciaux (...), mais ces échanges doivent être loyaux", a répondu le président de la FNB, Bruno Dufayet.
Les pays du Mercosur ont expédié à destination de l'Union européenne près de 200 000 tonnes-équivalent carcasse de viande bovine par an entre 2011 et 2019, en partie via des concessions douanières déjà en place, selon l'institut français de l'élevage. Le projet d'accord prévoit de nouvelles concessions, pour 99 000 tonnes équivalent carcasse.