Révolutionner le modèle existant, Olivier Moreno ne l’envisage pas encore quand il rejoint sa mère sur l’exploitation familiale à Quillan dans l’Aude en 2004 et qu’il crée avec elle, en 2006, le Gaec du Roc. Son objectif premier est de rentabiliser les 210 hectares de pâturage sur les 260 ha de la ferme. Pour ce faire, il double le cheptel de brebis de race blanche du Massif central, passant de 600 à 1 200 têtes, et il développe la production d’agneaux de bergerie.

Un tournant s’opère en 2015 quand sa sœur Amandine prend le relais de leur mère, lors de son départ à la retraite. « La seule condition que j’ai imposée à mon frère pour travailler avec lui, c’était que je puisse faire du vin », se souvient Amandine, sommelière de métier. Vœu exaucé : en 2019, cinq hectares de vignes sont plantés et une cave de vinification voit le jour en 2020.

« Je me suis alors dit que pour accompagner la dégustation de nos vins (7 blancs et 1 rouge), il fallait pouvoir offrir à nos clients de la charcuterie. C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’élever des cochons bagnérais », complète Olivier. Une idée en entraînant une autre, la fratrie s’embarque aussi dans l’élevage de vaches de race aubrac. Des juments comtoises sont également intégrées au système pour l’entretien écologique des pâtures, en pâturage tournant après les bovins et les ovins. La ferme Terrios, désormais forte de 340 hectares, dont 65 ha cultivables, repose sur un système de polyculture-élevage, entièrement repensé autour de la complémentarité des productions.

Les brebis de race blanche du Massif central pâturent plus de huit mois par an. (©  Florence Guilhem)

Autonomie alimentaire

Les vaches sont élevées en plein air intégral, les brebis pâturent plus de huit mois par an sur de grandes parcelles et les porcs, bien que disposant d’un bâtiment, passent le plus clair de leur temps dehors. Leur alimentation repose majoritairement sur les ressources de la ferme : herbe, luzerne, fourrages, blé tendre et orge. Seul l’engraissement des agneaux nécessite un complément extérieur. Tous les animaux (bovins, ovins et porcs) sont abattus à proximité, à l’abattoir de Quillan, ce qui garantit une bonne maîtrise de la qualité sanitaire et du bien-être animal.

La commercialisation se fait principalement en circuits courts : vente à la ferme, chez les bouchers locaux, dans la GMS de la Haute-Vallée de l’Aude, et via l’association Viandes des Pyrénées audoises. Pour le vin, Amandine développe les ventes à la ferme, dans les salons, les marchés et événements festifs locaux. « Notre objectif est de proposer des produits différenciants, d’exception et à forte identité », souligne-t-elle.

L’arboriculture, une nouvelle voie

Face aux ravages de la FCO (fièvre catarrhale ovine) et au recul de la consommation de viande en France, Olivier et Amandine ont investi dans l’arboriculture. Depuis 2020, 6 ha d’amandiers ont été plantés en lisière de parcelles, et 2 ha de pistachiers en plein champ, représentant 1 480 arbres au total. « C’était mon rêve. L’amandier s’est imposé de lui-même, car cet arbre est bien ici. Il y en a partout dans la nature », détaille Olivier. Pour la pistache, il en est fan. Leur objectif est de proposer à la vente directe des amandes et pistaches (snacking et apéritif) et d’alimenter les circuits de la pâtisserie locale avec la variété d’amande Ferraduel.

Dernier volet de la diversification : l’agritourisme. Olivier et Amandine ont acquis et rénové une maison de village qu’ils ont transformée en deux gîtes (8 et 2 couchages) classés « 3 épis » par Gîtes de France : « L’idée était à la fois de faire découvrir notre quotidien et nos produits. Le partage est notre façon d’être. »