« Personne ne doit être indispensable dans l’entreprise. » Cette conviction, Romain Marqué l’a acquise au fil de dix années passées comme conseiller en clientèle dans une banque. Depuis son installation en avril 2018, il l’applique sur son élevage laitier pour limiter le risque opérationnel. Aujourd’hui, l’exploitation compte neuf trayeurs pour un total de 5,65 UTH.
Romain s’est installé en Gaec avec ses parents et un voisin, Pierrick Dupont, au Rheu, dans l'Ille-et-Vilaine. À l’époque, l’exploitation comptait 60 vaches et un robot de traite à double stalle. Grâce au regroupement et à l’obtention de nouvelles références laitières, la production a bondi à 1,2 million de litres pour 110 vaches sur 130 hectares. Mais cette croissance rapide a vite saturé le robot de traite. Les associés optent alors pour une salle de traite en 2 x 16 TPA (traite par l’arrière), actuellement équipée en 2 x 12, afin d’accompagner la montée en puissance de la production sans être freinés par la technologie.

Recrutements
Pour alléger la charge, ils recrutent progressivement des trayeurs occasionnels. La première embauche intervient en 2020 : Jean-Luc assure trois traites par semaine en soirée (0,2 UTH) en complément de son métier de facteur. Après le départ en retraite de ses parents, Pierre et Catherine, respectivement en 2022 et 2023, Romain garde son père comme salarié à 40 % (0,4 UTH). Pauline, ingénieure à l’Institut de l’élevage (Idele) et désireuse de renouer avec le terrain en plus de son travail, rejoint l’équipe pour trois matinées hebdomadaires (0,5 UTH).
Située à seulement 8 km de l’école d’ingénieurs agricoles Agrocampus à Rennes, la ferme accueille aussi des stagiaires. « À la fin de leur stage, je leur propose de travailler les week-ends pour arrondir leurs fins de mois », explique Romain. Actuellement, Yann effectue trois week-ends par mois (0,15 UTH).
Au départ à la retraite de son associé Pierrick, en septembre 2024, Théo est embauché en CDI à temps plein (1 UTH) après plusieurs années de collaboration en tant que stagiaire, puis salarié occasionnel l’été. Pierrick, pour compléter sa retraite, continue d’assurer trois traites par semaine (0,4 UTH).
Planification rigoureuse
Romain a toujours su saisir les opportunités. « Il y a un vrai vivier d’étudiants dans la région », confie-t-il. Pour attirer les candidatures spontanées, il mise sur la visibilité en ligne, notamment via la fiche Google de l’exploitation. Il encourage à changer ses habitudes et à s’ouvrir à d’autres formules. Les étudiants sont embauchés via des Tesa (titre emploi simplifié agricole), tandis que les autres salariés bénéficient de CDI à temps partiel variable, permettant d’ajuster le volume horaire de plus ou moins 30 % chaque mois, dans le respect de la législation horaire.

Cette diversité de contrats exige une organisation rigoureuse. Romain s’appuie sur un planning partagé et plusieurs groupes WhatsApp thématiques (Gaec, alimentation, cultures…) pour assurer une bonne communication entre les intervenants. L’objectif : que personne ne réalise plus de quatre traites par semaine. « Je consacre du temps à établir des listes de tâches, régulières ou ponctuelles, en dehors de l’astreinte : entretien des machines, débâchage des silos… » Chacun peut y accéder via une application sur son téléphone. « Il faut laisser de la souplesse et de l’autonomie aux salariés », estime l’éleveur avec l’expérience.
Le risque opérationnel ne concerne pas que les salariés. Pour ne pas rester seul à la tête de l’exploitation après le départ de Pierrick, Romain s’est associé avec deux voisins. Depuis le 1er avril 2025, le Gaec Dyna Milk compte deux nouveaux associés : Stéphane Brizard, spécialisé dans l’élevage de génisses, et Yannick Rehault, à la tête d’un troupeau de 65 vaches limousines, qui reprend le suivi de l’atelier des cultures. Le regroupement de leurs fonciers permet d’optimiser le pâturage et, surtout, de garantir la pérennité de la structure qui ne repose plus sur les épaules d’un seul homme.