« J’ai réagi sur un déclic en 2007 alors qu’on nous imposait une prise de sang pour faire partir les broutards à l’export, explique en souriant Alain Clamont, installé à Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne. J’en avais assez de faire naître des veaux qui montaient dans un camion à 9 mois et dont j’ignorais le devenir. J’ai donc décidé d’engraisser les mâles en taurillons et les femelles en génisses grasses. »

Les animaux sont commercialisés au Groupement Limousin Bétail Viande (GLBV) à Saint-Just-le-Martel. D’une part, en label rouge Bœuf Limousin pour les génisses lourdes de plus de 28 mois et les vaches de moins de dix ans. « D’autre part en label rouge Limousin Junior pour les taurillons de 10 à 18 mois et les génisses, ainsi que sous la filière Qualité Carrefour. Un choix que je ne regrette vraiment pas ! »

Alain Clamont s’est installé en 1998 en reprenant 54 ha et 40 vaches limousines à un éleveur en préretraite. Il augmente progressivement sa surface agricole utile à 90 ha et le troupeau à 84 mères. « Puis j’ai diminué le nombre de mères à 70 pour gagner en autonomie alimentaire et maîtriser la charge de travail », explique posément l’éleveur, exerçant seul sur son exploitation. Une entraide est toutefois bien rodée pour les ensilages et les pesées des animaux avec son frère, sa sœur et ses deux neveux, exploitants individuels et voisins.

Des bâtiments fonctionnels

Un bâtiment est transformé pour engraisser les mâles, puis une première stabulation est construite en 2005 également pour l’engraissement. S’ensuit la construction d’une seconde stabulation consacrée aux vaches et génisses reproductrices, recouverte de panneaux photovoltaïques en 2013. Un troisième bâtiment neuf est construit en 2020, équipé comme le précédent d’un racleur.

L’éleveur a équipé ses bâtiments d’élevage de racleurs, « un plus appréciable au quotidien ». (©  Monique Roque Marmeys)

« J’aime consacrer du temps et de l’attention à mes animaux, précise Alain Clamont, qui adhère depuis une quinzaine d’années à Bovins Croissance. L’enjeu consiste à ne pas perdre les qualités d’élevage du troupeau, dont la facilité de naissance pour les mères, tout en améliorant la conformation et le poids. Je suis aussi attentif au caractère de mes animaux. »

Les vêlages se déroulent sur deux périodes, du 15 février et 30 avril et du 1er septembre au 15 octobre. Toutes les vaches ont été échographiées 35 jours après l’enlèvement du taureau, les vides sont réformées. L’élevage affiche un taux de productivité global de 96,8 % alors que celui du groupe (1 596 troupeaux) est de 82,9 %. L’intervalle vêlage-vêlage est de 370 jours et le taux de mortalité des veaux n’excède pas 2 % (de 6 % à 13 % pour le groupe).

Maîtriser le coût de production

« La rentabilité d’un système comme le mien exige une bonne maîtrise des charges », souligne Alain Clamont, dont l’exploitation est suivie par le service Coûts de production de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne. Avec un produit total de l’atelier de 427 €/100 kg de viande vive (kg vv) et un coût de production de 347 €/kg vv, la rémunération permise est de 79 €/kg vv (contre 49 €/kg vv pour le groupe). Une bonne maîtrise du coût du système d’alimentation le réduit à 180 €/100 kg vv contre 212 €/kg vv pour la moyenne du groupe. Les charges de mécanisation sont réduites par l’achat de matériel d’occasion.

Les mâles sont vendus en jeunes taurillons de 14 à 16 mois à un poids moyen de 400 kg de carcasse. Ils présentent une très bonne conformation. (©  Monique Roque Marmeys)

Quant à l’alimentation, elle est très majoritairement assurée par des produits de l’exploitation. « Il me manque toutefois quelques hectares de céréales », précise l’éleveur qui distribue une ration mélangée d’ensilage d’herbe et de maïs, de paille et de céréales aux vaches et aux génisses à l’engraissement. Une ration sèche composée de paille, de céréales, d’un complémentaire azoté et de mélasse assure l’engraissement des taurillons. « Aller jusqu’au bout d’un produit de qualité génère de la valeur ajoutée et des satisfactions ! Cela suppose aussi des investissements et des risques mais j’aime cette pratique de mon métier », confie l’éleveur.