Si c’était à refaire, un tiers des éleveurs construiraient leur bâtiment autrement, selon une enquête du Cniel réalisée en 2020 (1). 49 % des éleveurs ne sont pas satisfaits de la pression financière induite par le projet. Viennent ensuite le non-respect du budget et des délais sur le chantier. « Ces résultats démontrent qu’il est nécessaire d’appliquer une démarche de conception structurée, rigoureuse et complète pour éviter les déconvenues », explique Sébastien Guiocheau, de la chambre d’agriculture de la Bretagne.
Évaluer la situation
Dans un premier temps, commencer par évaluer la situation : est-elle simple, compliquée, voire complexe ? « Ce n’est pas la peine de lancer un gros processus pour ajouter une travée sur un hangar à paille », souligne-t-il. Lorsqu’il se lance dans un projet plus conséquent qui va faire évoluer l’exploitation, l’éleveur doit se questionner sur ses motivations, ses objectifs personnels et professionnels et s’ils sont cohérents avec ses attentes : conduite et taille d’exploitation, équilibre vie privée et professionnelle, objectif de rémunération, souhaits d’évolution…
En société, il faut s’assurer que la vision est partagée par tous. La réalisation d’une étude technico-économique prévisionnelle se basant sur un état de la situation initiale (moyens de production, résultats économiques…) et intégrant l’ensemble des investissements envisagés permet de définir son projet.

Étudier et valider la faisabilité du projet
Une fois le projet cadré, l’éleveur doit déterminer ses besoins techniques : nombre de places d’animaux, outil de traite, type de logement (aire paillée, logette) et de déjections, système d’alimentation. Il doit identifier ses attentes en termes de conditions de travail (lavage, circulation, local pour un salarié…) et sur l’évolution de son bâtiment.
À ce stade, il s’agit de valider la faisabilité technique (topographie…), financière (contact avec la banque et le conseiller de gestion), humaine (main-d’œuvre disponible), et réglementaire (parcelle constructible) en se faisant accompagner par un conseiller en bâtiment par exemple. « L’étude technico-économique doit s’appuyer sur une étude fiable, réaliste et personnalisée pour valider la capacité d’investissement. On y intègre une marge de manœuvre pour éviter les surprises », souligne Sébastien Guiocheau.
Réaliser des plans
La phase de conception démarre par des dessins d’avant-projets puis des plans plus précis. Accès du laitier, circuits, orientation, parcellaire, bâti existant… L’objectif est de se projeter en balayant différentes hypothèses avec les avantages et les inconvénients pour retenir la solution la plus pertinente. Rien ne remplace la visite de réalisations similaires.
« Quand tout le monde est d’accord, on passe sur un projet avec des plans détaillés (plan de situation, de masse, de coupe, d’élévation) mais qui ne sont pas des plans d’exécution du ressort des artisans. Sans plans précis, pas de devis précis », insiste Sébastien Guiocheau. Le conseiller en bâtiment y associe un coût estimatif pour valider le budget, son financement, des demandes d’aide. Il est temps de déposer la demande d’urbanisme et le dossier installation classée.
Ouverture du chantier
« Une fois les devis signés, la réalisation d’une réunion d’ouverture de chantier avec tous les corps de métiers est indispensable pour coordonner tous les artisans », précise Sébastien Guiocheau. Elle va permettre de valider les devis définitifs et de mettre à jour les plans. Le but de cette réunion est aussi de caler un planning prévisionnel pour déterminer les périodes d’intervention de chacun afin de s’y préparer. Si tous les feux sont au vert, reste à passer à la phase de construction et au suivi de chantier.
(1) Auprès de 513 éleveurs ayant construit un bâtiment depuis moins de 10 ans.
Pense-bête des questions à se poser réalisé par le Cniel (cniel-infos.com, onglet Elevage/Bâtiment d’élevage laitier).