François Grosbois baigne dans l’agriculture depuis l’enfance. Fils d’éleveurs, il n’a jamais envisagé d’autre métier qu’agriculteur. Il projetait de s’installer en production ovine avec un atelier de volailles en complément. « Finalement, j’ai fait le contraire : j’ai repris une ferme avicole dans laquelle j’ai introduit une soixantaine de brebis de race vendéenne, principalement pour valoriser des parcelles en bord de rivière. »

L’élevage ovin représente 1 % du chiffre d’affaires global. Il permet surtout de valoriser des parcelles en bord de rivière. (©  Anne Mabire)

3 400 m² de poulaillers

François est titulaire d’un BTS Acse, d’une licence en productions animales et d’un certificat de spécialisation en moutons. En 2018, il a repris la ferme du Gué du Vallier à Angrie (Maine-et-Loire) spécialisée dans la vente de volailles vivantes. La reprise portait sur 30 ha, 1 800 m² de poulailler et une clientèle composée principalement d’un volailler et d’éleveurs équipés d’une tuerie à la ferme. Dans les pas de son prédécesseur, il a développé la structure.

La ferme s’étend désormais sur 50 ha et compte 1 800 m² de poulaillers (dont 1 200 m² de bâtiments et 600 m² de tunnels). François fait aussi démarrer des volailles à façon par deux voisins (2 x 800 m²). Sur la base d’un lot mis en place toutes les quatre semaines, cette organisation a permis d’élever 68 000 poulets, 10 000 pintades et 2 500 chapons en 2023. « Les deux tiers sont vendus finis à partir de quatorze semaines d’élevage et jusqu’à vingt-quatre à vingt-six semaines pour les chapons. » Le dernier tiers est vendu démarré, de six à huit semaines.

À partir de 2024, François Grosbois va également élever des poules pondeuses. (©  Anne Mabire)

Sécuriser l’achat de céréales

Sur un marché très spécifique, François évolue dans un contexte difficile. L’éleveur fabrique tous ses aliments, y compris ceux de démarrage. Avec 40 ha de terres arables et des rendements en blé de 60 à 65 q/ha, il n’est pas en capacité de couvrir son besoin en matières premières. « J’achète 400 tonnes de blé et 200 tonnes de maïs par an à l’extérieur. Autant dire que j’ai pris de plein fouet l’augmentation du prix des céréales de 2021. » L’aliment est la première charge opérationnelle de l’exploitation. L’objectif de François est de contractualiser ces volumes. « Le plus tôt sera le mieux afin de sécuriser la trésorerie. »

À peine avait-il encaissé la flambée des cours des céréales que l’éleveur s’est trouvé plongé dans la crise de la grippe aviaire. « Ça a commencé au début de 2022 avec la découverte d’un foyer dans notre secteur. » La ferme du Gué du Vallier se retrouve alors en zone de surveillance. François a l'interdiction d’apporter ses volailles à l’abattoir, en zone indemne. L’impasse administrative va durer deux mois, « pendant lesquels, chaque matin, j’ai sorti des bâtiments des volailles mortes ou blessées. Les coqs finissaient par se piquer violemment. »

Indemnisation tardive

En avril 2022, l’élevagesubit un arrêté de dépeuplement : 25 000 volailles sont évacuées en une journée. « J’ai remis un premier lot en place au mois de juin, mais un retard de production ne se rattrape pas. Il a fallu six mois pour retrouver une production normale. » Quant aux indemnités, celle liée à la perte de chiffre d’affaires est arrivée au mois d’octobre et celle pour perte de marge, au printemps 2023. « J’ai fait partie des derniers à la percevoir. Après moi, il y avait encore onze éleveurs dont deux de mes clients. » L’impact de l’épizootie ne s’est pas arrêté là. L’hiver 2024, comme le précédent, François a dû, de nouveau, enfermer ses volailles. Elles sont ressorties à la mi-mars. « C’est un vrai soulagement d’autant qu’en ce moment, le marché est porteur. »