« Nous poursuivons le travail conduit par nos parents, eux-mêmes descendants d’un berceau familial ayant toujours élevé des vaches limousines sur cette ferme des montagnes corréziennes », expliquent Sébastien et son frère Pierre, respectivement installés depuis 2007 et 2012 à Lestards. Depuis les 45 ha de SAU et 25 vaches limousines et huit « tantes » normandes produisant des veaux sous la mère initialement repris en 1981 par leur père, Gérard, l’exploitation connaît des évolutions importantes. Dès 1985, Gérard Rivière inscrit son troupeau de 65 mères, désormais conduites en vaches allaitantes, au herd-book limousin afin de « rendre son métier plus intéressant, de générer un meilleur revenu et d’élargir ses relations professionnelles ».

Travail génétique de longue haleine

La notoriété de l’élevage est monté progressivement en puissance. « Le travail génétique demande de la patience », soulignent Sébastien et Pierre, complémentaires dans la conduite de leur élevage. Sébastien, titulaire d’une formation en agroéquipement, est le mécanicien de l’équipe et Pierre l’animalier.

La rusticité, la docilité et les qualités maternelles sont sélectionnées pour des animaux à la conformation affirmée. (©  Monique Roque)

Un pari aujourd’hui gagné au terme d’une sélection active de lignées de bonne conformation et marquées par des qualités maternelles telles que la facilité de naissance et la valeur laitière des mères. En témoignent un Ivmat de 106, un Isu de 104 avec des index parlants de 105 en Alait et 103 en DMsev. 24 vaches sont RR et 5 RRE. L’intervalle vêlage-vêlage (IVV) affiche, quant à lui, 376 jours en 2022 (384 en moyenne de la race). La SAU progressivement augmentée atteint 299 ha pour un troupeau de 150 mères.

Des taureaux adultes qualifiés RR ou RRE sont achetés pour assurer la monte. 110 vêlages se déroulent de février à mai et 40 autres de septembre à novembre. Les vaches sont essentiellement conduites en plein air. Les génisses de renouvellement et les mâles reproducteurs destinés à la vente rentrent en bâtiment durant l’hiver.

« Nous vendons des reproducteurs à travers toute la France grâce à notre coopérative, expliquent les éleveurs qui participent aussi activement aux ventes aux enchères organisées par le Groupe Altitude à Lubersac (Corrèze) en septembre et à Loudes (Haute-Loire) en mars. Leur fidélité de « coopérateurs par conviction » de père en fils a été récompensée en 2021 par le Trophée des coopérateurs.

Esprit d’équipe

Les idées et les projets fusent au Gaec Rivière. Deux bâtiments photovoltaïques sont en fin de construction. Ces deux stabulations de 70 places chacune seront autofinancées en quinze ans grâce à la production d’électricité (500 kW). L’investissement global atteint 650 000 €. « Nous allons gagner en confort pour nos animaux et pour nous-mêmes par rapport au plein air intégral.

Deux bâtiments photovoltaïques sont en train d’être aménagés pour abriter une partie des animaux et les fourrages. (©  Monique Roque)

L’exploitation est certifiée HVE », précisent les éleveurs. L’installation d’un captage avec traitement et pompage leur permet d’être autonomes en eau depuis 2017. Les surfaces récoltées en enrubannage et en foin avec 130 ha de fauche leur apportent une autonomie alimentaire, mais les années de sécheresse qui se multiplient sont sources d’inquiétude.

« Il y a vingt ans, un tiers du fourrage récolté était de la seconde coupe. Faire du regain aujourd’hui est devenu rarissime. Nous en avons fait 30 ha cette année enfin favorable à la pousse de l’herbe. S’adapter au changement climatique ne sera pas chose facile pour les systèmes strictement herbagers. » Le matériel de fenaison est personnel, tout le reste est en Cuma. « Les fenêtres de temps de récolte sont courtes, nous devons faire vite et bien. »

« Nous ne pouvons ni vivre ni travailler tous seuls. Nous croyons en l’esprit d’équipe », insistent les frères, tous deux joueurs de rugby et attentifs à préserver leur vie de famille et leur vie sociale malgré la charge de travail sur leur exploitation.