Étudiant, Armand Grihon ne s’orientait pas vers une carrière agricole : « Je suis ingénieur dans le BTP, explique le jeune homme de 34 ans. Mais le jour où ma mère, chef d’exploitation associée à mon oncle, a voulu partir à la retraite, il n’y avait personne pour reprendre sa suite. De mon côté, c’était le choix de retrouver mes racines. »
Il revient donc à la ferme en 2015 en tant que salarié, valide un BTS en productions végétales par correspondance en un an et s’installe en 2017 avec son oncle. Il est la troisième génération de cette exploitation familiale créée dans les années 1970 à Sabres dans les Landes.
Plaine sablonneuse
Dès le départ, son objectif est de relancer la culture d’asperges. Installée dans cette vaste plaine sablonneuse typique des Landes de Gascogne, l’EARL Le Lanne en cultivait depuis la fin des années 1980 (jusqu’à 15 ha en 2005). La structure avait réduit peu à peu cette production, préférant développer les cultures légumières contractualisées (garden peas — gros petits pois —, haricots verts, carottes). Après les inondations de 2013, les cinq derniers hectares encore en production, furent arrachés.

« L’asperge, c’est un peu ma madeleine de Proust ! Nous avions tout l’équipement pour remettre en place cette culture », poursuit l’agriculteur. Avec la coopérative Maïsadour, il implante 20 ha d’asperges blanches en 2016 et 2017, puis 5 ha d’asperges vertes en 2022 et 7 ha de blanches cette année. « Les griffes atteignent leur plein potentiel de production au bout de trois ans. Nous produisons à présent 160 tonnes par an et nous devrions atteindre les 230 tonnes d’ici à deux ans. »
Diviser le risque
Les efforts fournis ces trois dernières années ont été récompensés par de bons rendements et des prix de vente rémunérateurs. « Jusqu’à la fin d'avril, soit 75 % de notre production, le marché est généralement peu concurrentiel. Cette année par exemple, notre prix de vente moyen sur la saison a été de 5,30 €/kg. C’est bien ! », souligne Armand Grihon, qui préfère malgré tout « diviser le risque » surtout depuis la mésaventure liée au confinement de 2020 entraînant la fermeture forcée de la station de conditionnement.

« Nous nous sommes mobilisés pour vendre en direct. Nous avons découvert une clientèle que nous avons ensuite gardée. Nous restons engagés avec la coopérative, et son accompagnement technico-économique est précieux, ce qui nous autorise la vente directe tant qu’elle ne dépasse pas 15 % de notre chiffre d’affaires.
À présent, nous diversifions notre offre avec des asperges vertes, mais aussi des fraises précoces dont l’objectif de production est de 2 tonnes par an. Nous vendons à la ferme, nous avons un point de vente au village et nous organisons des livraisons jusque dans les départements limitrophes. »
Depuis 2018, à la place des cultures légumières, une autre partie des terres a été convertie en agriculture biologique. Cela permet de répondre aux demandes de marché en maïs doux, garden peas et soja bio en contractualisation avec le groupement de coopératives Agribio Union. « Nous allons sans doute mettre en place des cultures d’hiver pour améliorer nos rotations », ajoute Armand.
Les six dernières années ont été intenses en changements et en investissements. Désormais, l’exploitation se divise en trois pôles : maïs semence (contrat avec Bayer), asperges, cultures en agriculture biologique. En 2023, un projet de hangar photovoltaïque devrait se concrétiser, améliorant l’espace de travail et de rangement. Ensuite, l’exploitant agricole compte entrer dans une phase de stabilisation. Le départ à la retraite de son oncle se profile doucement. D’ici à 3 ou 4 ans… Mais une chose à la fois !