Avoir un revenu complémentaire peut être intéressant mais il faut trouver le bon équilibre entre l’investissement financier et le temps engagé pour cette activité. Delphine et Gilles Giraud, gérants du domaine viticole Mas Delgi, travaillent avec Agrikolis pour réceptionner les colis de grande taille et laissent un bout de leur terrain pour accueillir des camping-cars grâce à France Passion. Ils ouvrent leur cave à vin à la dégustation de 18 h à 20 h et en profitent pour gérer les deux autres services sur le temps d’ouverture. « C’est une plus-value pour la ferme car la majorité des clients France Passion et 20 % des clients Agrikolis passent acheter une ou plusieurs bouteilles », explique Delphine.

Le temps disponible

Pour éviter que ces activités ne soient chronophages, cela demande un peu de réflexion en amont. Les services comme Agrikolis et pour France Passion demandent d’être présent à certaines heures de la semaine. Mais ces dernières sont flexibles et l’agriculteur peut les adapter à son travail agricole. La start-up Mon hangar, quant à elle, propose de stocker son bateau ou son camping-car à la ferme et met en avant le peu de disponibilité demandé. « Il faut accueillir la personne qui vient déposer le véhicule mais ensuite il peut être laissé durant plusieurs mois et cela apporte un revenu mensuel complémentaire, surtout l’hiver qui est une période souvent creuse », explique Joris Baco, fondateur de Mon hangar.

Le revenu complémentaire

Chaque service a sa méthode de fonctionnement. France Passion demande de payer un abonnement initial de 45 euros pour être référencé sur l’application et dans le guide envoyé aux adhérents. Ensuite, l’accueil des camping-caristes est gratuit mais les personnes viennent souvent acheter des produits à la vente en remerciement. Ce qui en fait un revenu complémentaire indirect mais lié à sa production agricole. Pour Mon hangar et Agrikolis, l’adhésion est gratuite et les agriculteurs ont un revenu directement lié à l’activité. Dans le cas de Mon hangar, c’est un montant mensuel de quelques centaines d’euros en fonction du type et du nombre de véhicules stockés. Pour Agrikolis, c’est 5 euros par colis stocké.

Les charges initiales

Avant de se lancer, il est important d’analyser son espace. Quelques places de parking suffisent pour débuter avec France Passion, le branchement à l’eau et l’électricité n’étant pas obligatoire. Pour Agrikolis, il est demandé un espace fermé sécurisé, pas forcément indépendant, équipé d’une alarme et d’une assurance contre le vol. Enfin, Mon hangar adapte le prix proposé au client en fonction de l’espace mis à disposition par l’agriculteur, tel qu’un bâtiment ouvert ou fermé. Ces différents services sont d’autant plus intéressants pour les agriculteurs situés à proximité de zones urbaines ou des axes de passage comme les autoroutes.

Attention à la réglementation

Ces activités sont souvent des activités dites commerciales. D’un point de vue fiscal, elles ne doivent pas représenter plus de 50 % des revenus de la ferme si l’entreprise est au réel (au micro-BA les deux activités doivent obligatoirement être déclarées séparément). Il faut aussi prendre en compte la forme juridique de l’exploitation. Selon le code rural, il n’est pas possible pour une société agricole à forme civile d’avoir une activité commerciale. « Ce point peut poser problème lorsqu’il y a un accident ou un litige car cela va prendre en compte la situation juridique de l’exploitation, et pas uniquement fiscale », explique Sébastian Forderer, expert-comptable agricole.

Un paradoxe en passe d’être réglé : La loi d’orientation agricole du 24 mars 2025 autorise des activités commerciales dont les revenus ne doivent pas dépasser 20 000 euros par an ou 40 % du chiffre d’affaires annuel. Mais aucun cas de jurisprudence n’en est encore sorti. L’activité commerciale peut aussi remettre en cause l’exonération de taxe foncière sur le bâti agricole ainsi que le bail avec le propriétaire. « En général, je conseille de définir une surface affectée à l’activité non commerciale pour éviter que tout le bâtiment devienne éligible », précise Sébastian Forderer.