En élevage laitier, les performances environnementales et économiques sont-elles compatibles ? C’est la question posée par Innoval, société de conseil en élevage laitier, qui a réalisé une comparaison des 25 % plus performants en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par litre de lait (hors stockage de carbone) versus les 25 % moins performants en analysant leurs critères techniques et économiques.

332 exploitations étudiées

L’étude porte sur 332 exploitations adhérentes ayant réalisé un diagnostic Cap’2ER niveau 2 depuis 2017. Elle s’est appuyée sur leurs données techniques (O’dit Lait) et économiques (O’dit Strat Eco — 104 élevages). Il s’agit d’exploitations spécialisées en lait situées en Bretagne (hors celles en agriculture bio).

Sur le plan environnemental, les émissions brutes de GES de l’atelier laitier représentent 0,86 kg eq CO2/litre de lait dans les meilleurs élevages contre 1,11 kg eq CO2/l pour les moins bons, soit 23 % de GES en plus. Au niveau du bilan apparent de l’azote, il est en moyenne de 91 kgN/ha pour le quart supérieur, contre 132 kg N/ha pour le quart inférieur.

Comparaison des 25 % meilleurs élevages et des 25 % moins bons sur le critère émissions de GES :

25 % meilleurs25 % moins bons
114 ha, 90 VL134 ha, 106 VL
Lait8 470 l/VL7 717  l/VL
Concentrés1327 kg/VL1471 kg/VL
Réussite première IA46 %39 %
Age première mise bas26,9 mois28,6 mois
Nombre lactations moyennes3,3/VL3,05/VL
Engrais minéraux59 kgN/ha SAU78 kgN/ha SAU
Charges opérationnelles176 €/1 000 l192 €/1 000 l
Coût alimentaire troupeau120 €/1 000 l 128 €/1 000 l 
Coût alimentaire par génisse548 €/génisse615 €/génisse
EBE226 €/ 1 000 l192 €/ 1 000 l

Les fermes étudiées ont des systèmes d’élevages identiques. « Les élevages moins bons sont en moyenne légèrement plus grands en surface (134 ha contre 114 ha) et en cheptel (106 VL contre 90 VL) que ceux du top 25 %. La structure de la SFP (surface fourragère principale) est similaire, avec une part d’herbe quasiment équivalente pour les deux groupes (respectivement 55 % et 57 % de la SFP) », indique Sylvain Foray, référent en environnement chez Innoval.

Efficience alimentaire

« Les élevages plus performants produisent plus de lait par vache avec moins de concentrés, une meilleure autonomie protéique avec une production par hectare un peu plus importante. Nous sommes sur des systèmes plus efficaces sur le plan alimentaire », résume l’ingénieur. Les vaches du quart supérieur sont plus productives (8 500 l/VL contre 7 700 l/VL) pour un même coût alimentaire. Ce critère d'alimentation n’est pas anodin à l’échelle d’une exploitation », détaille-t-il.

Une conduite d’élevage optimisée

Les indicateurs techniques sont également meilleurs pour le top 25 % avec un taux de réussite en première insémination plus important, un âge à la première mise bas réduit de près de deux mois, une meilleure longévité des vaches. On observe également moins de problèmes de cellules (6,5 % de VL avec un taux > 800 000 cellules contre 10 % pour les moins bons) et donc moins de lait écarté.

La comparaison montre que la pression en azote minéral est plus faible chez les meilleurs (59 kgN/ha contre 78 kg). « Il en ressort pour le groupe le plus performant une conduite d’élevage optimisée liée au fonctionnement global de l’exploitation », résume-t-il.

De meilleurs résultats économiques

Sur les charges opérationnelles, l’écart entre les deux groupes est de 16 €/1 000 l. « C’est sur la conduite des génisses qu’on voit l’effet optimisateur. On aurait pu penser qu’en « poussant » les génisses, on allait dégrader le coût alimentaire, ce qui n’est pas le cas puisqu’il est mieux maîtrisé dans le groupe des meilleurs (–67 € par génisse) », précise Aubin Lebrun, référent en économie chez Innoval. Au final, l’écart d’EBE (excédent brut d’exploitation) entre les deux groupes représente 34 €/1 000 l. Pour les meilleurs, le ratio EBE d’exploitation sur produit brut représente 36 %, ce qui démontre une bonne efficacité économique », conclut le conseiller.