La Coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs (JA) dénoncent, dans des communiqués publiés le 24 mai 2023, les récentes conclusions de la Cour des comptes qu’ils jugent « simplistes » et au détriment des agriculteurs. Dans le cadre du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles, la Cour des comptes a rendu ses recommandations concernant les filières bovines laitières et allaitantes. Elle préconise notamment une réduction du cheptel bovin français afin que le pays remplisse ses engagements environnementaux.

« Si ce rapport établit un diagnostic économique intéressant il se trompe sur le traitement », insiste JA. De son côté, la Coordination rurale regrette une énième attaque contre les éleveurs. Les deux syndicats veulent des éclaircissements de la part du gouvernement sur la vision qu’ils portent pour l’avenir de l’élevage français.

Une hausse des importations en vue

Chiffres à l’appui, la Coordination rurale estime que la baisse du cheptel français, sous le prétexte de la santé des consommateurs, ne ferait que légitimer les accords de libre-échange. Ce qui mettrait encore plus à mal la filière en l’ouvrant à la concurrence des prix mondiaux. « Vouloir être plus vert sur notre territoire n’implique pas forcément d’aller produire une viande plus polluante à l’autre bout du monde », souligne la Coordination rurale.

Même argument pour JA qui considère que cette trajectoire ne ferait qu’augmenter les importations au lieu de « structurer la filière, et investir le champ de la restauration hors domicile ».

Davantage de reconnaissance des efforts de l’élevage

Si les syndicats reconnaissent le rôle de l’élevage en termes d’émissions de gaz à effet de serre, ils soulignent aussi son apport positif sur la biodiversité ou l’entretien des espaces naturels. « L’agriculture est le seul secteur en capacité de compenser lui-même une partie de ces émissions, en partie grâce au puits de carbone que sont les prairies. Une grande partie de ces prairies ne sont pas des terres cultivables, et donc, en l’absence d’élevage, elle serait vouée à devenir des friches », répond JA à la Cour des comptes.

La Coordination rurale explique également que les innovations techniques ont permis de réduire de 11 % en 20 ans les émissions de gaz à effet de serre de l’élevage, français tandis que celles des transports ont augmenté de 5 % depuis 1990.

En outre, JA alerte sur la multiplication des sources de revenus, et en particulier de la production d’énergie comme aide à la rémunération. « C’est un pansement inutile si on ne ramène pas d’abord la production nourricière comme première source de revenus », signale-t-il.

Des recommandations qui remettent en cause l’attractivité du métier

Pour les syndicats, ces recommandations de la Cour des comptes sont un coup supplémentaire porté à une filière qui est déjà victime de nombreuses idées reçues. Elles s’inscrivent même à l’opposé des nouveaux objectifs du gouvernement relatifs au renouvellement de la population agricole.

La Coordination rurale comme JA redoutent que ce rapport vienne mettre en péril l’attractivité de la filière et « l’envie des jeunes de se lancer ». « Le gouvernement ne doit pas s’inscrire dans les pas de ce rapport s’il veut servir aussi la ruralité qui vit en partie des jeunes qui animent les territoires, leur service public et préservent traditions et savoir-faire », précise JA.

Les tensions entre le gouvernement et les éleveurs français se poursuivent. Et ce, quelques jours seulement après les propos du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui ont suscité de vives réactions du côté des éleveurs et des syndicats.