« Nous sommes devenus intensifs », concède Corentin Defours, dernier arrivant dans le Gaec familial de l’Ozon. Il faut dire que la production a triplé en dix ans, pour atteindre un rythme de croisière avec 110 vaches laitières à 11 200 litres de lait par vache et par an pour 123 hectares.
Deux installations
Corentin s’est installé en 2021 avec ses parents, Agnès et Denis, et son frère Maxence, à Sury-le-Comtal, dans la Loire. Le jeune éleveur a repris 300 000 litres chez Sodiaal, tout comme son frère l’avait fait quelques années plus tôt. L’exploitation produit aujourd’hui 1,3 million de litres.
C’est la passion de la génétique qui a motivé les deux frères à reprendre le flambeau familial. Le Gaec adhère au schéma de sélection de Gènes diffusion. « Nous sélectionnons sur des indices fonctionnels tels que la production, la reproduction ou la morphologie des mamelles. Ce sont eux qui touchent directement le porte-monnaie. » Le cheptel a grandi en interne grâce à des mères porteuses pour valoriser cette très bonne génétique du troupeau laitier.
« Il y a dix ans, nous avions un atelier de vaches allaitantes, se souvient Denis. Certaines étaient mères porteuses pour le troupeau laitier. » Aujourd’hui, le besoin en génisses est moindre, mais quelques mères croisées, ainsi que les laitières à la génétique moins intéressante, continuent de remplir ce rôle.
Vendre des génisses
Le principe ? « Nous provoquons une superovulation à une vache donneuse au bon potentiel génétique, avant de l’inséminer. Sept jours plus tard, un technicien vient avec un camion laboratoire. Il récupère les embryons sur la donneuse grâce à un lavage des cornes utérines. Il sélectionne ensuite les embryons viables au microscope et les transplante chez les vaches receveuses, préalablement synchronisées avec la donneuse. »
Dans le futur, les frères Defours espèrent ainsi vendre des bonnes génisses en plus de renouveler leur troupeau. En parallèle, Gènes diffusion contractualise certaines des génisses du Gaec pour être de futures mères à taureaux. « Ce travail sur la génétique est valorisant, cela motive nos jeunes », se réjouit Denis.
Avec l’augmentation graduelle du nombre de vaches, la stabulation est rapidement devenu obsolète. Un bâtiment neuf sort ainsi de terre en 2023, équipé de deux robots. « La mise en route n’est pas simple, se souvient Maxence. Les premiers mois sont les plus durs à passer car il faut casser le rythme des vaches. Celles en fin de lactation étaient plus dures à attirer au robot car elles ont moins d’aliments. Les vaches âgées, en revanche, ont vite pris le pli. »
Un bâtiment tout confort
Dans le nouveau bâtiment, tout est pensé pour le confort des animaux. En forme de carré, la stabulation se compose de trois rangées de logettes avec matelas, bordées par un couloir d’alimentation de chaque côté, vers l’extérieur. La famille Defours a opté pour une circulation libre et des barres au garrot. Cela permet d’« avoir un maximum d’espace pour que les dominantes et les dominées se croisent le moins possible », explique Denis.
Les robots bordent les 116 logettes d’un côté tandis qu’à l’opposé, une ouverture offre la possibilité d’aller au pâturage au travers d’une porte intelligente. « Nous gardons du pâturage pour améliorer la santé des pattes plus que pour valoriser l’herbe », détaille Corentin.
Pour augmenter le confort, le toit a été isolé et des ventilateurs installés. Un chantier très onéreux mais « non négociable en raison de la chaleur estivale ». Ces investissements traduisent aussi la volonté d’anticiper le départ à la retraite de Denis et Agnès. « À terme, nous voulons faire tourner la ferme à deux associés et un salarié », projette Maxence.