La part des produits transformés progresse dans les achats alimentaires sous l’influence des changements des comportements de consommation et des modes de vie alors que la consommation des produits frais poursuit sa lente érosion. Les fruits et légumes n’échappent pas à la règle. Aussi les entreprises et industries de ces secteurs ont-elle fait évoluer leur modèle économique en repensant ou en intégrant la transformation dans leurs activités, dont une bonne partie en origine France.
C'est le cas du Comptoir Rhodanien, dont l’activité à la base est la production et l’expédition des fruits frais issus de ses 400 ha. Pour capter de la valeur ajoutée et développer de nouveaux produits (purées de fruits pour les industriels, jus et nectars de fruits frais pour la grande distribution), l’entreprise drômoise a investi 5 millions d’euros en 2019 dans un atelier de transformation pour ses invendus. Cette activité représente aujourd’hui 12 % de son chiffre d’affaires.
Les Agromousquetaires, qui ont racheté Saint-Mamet en 2022, vont en faire autant à l’usine Solarys de Vauvert, dans le Gard. « 7 millions d’euros vont être engagés pour que notre outil de production gagne en compétitivité sur les produits existants de notre marque et que de nouveaux produits soient fabriqués », indique Gérard Gillet, directeur commercial et du marketing de Saint-Mamet Distribution. De même, les coûts de production pourraient être réduits, permettant ainsi de réinjecter de la valeur ajoutée dans la filière. Une démarche qui s’impose pour sécuriser également le sourcing.
Développer les partenariats
Avec le changement climatique, les productions deviennent de plus en plus vulnérables. Aussi « transformer le fruit est donc devenu stratégique », souligne Daniel Gaillard, directeur associé du Comptoir Rhodanien. Repenser le développement des filières des fruits et légumes dédiées à l’industrie avec l’origine France s’impose.
Chez Les Vergers Boiron, entreprise drômoise spécialisée dans la purée de fruits surgelés, « on essaie de relocaliser des filières disparues dans notre territoire, même si l’approvisionnement français chez nous ne représente que 10 %, car ce qui marche le mieux sur les 50 fruits que nous transformons, ce sont les fruits exotiques », dit Guillemette Boiron. Et l’entreprise de construire des partenariats avec les producteurs sur la longue durée.
Le Groupe Danone, quant à lui, élabore des partenariats sur la base de la qualité des produits et la résilience des exploitations via la mise en place d’une « agriculture régénératrice » et des vergers dédiés, avec un engagement sur le rachat de tous les volumes, sur les prix et sur le long terme. Seule certitude pour l’aval de la filière : la réussite passera par les partenariats à long terme avec l’amont.
(1) Rendez-vous d’affaires de la filière des fruits et légumes des pays méditerranéens.