« Il faut que les règles soient équitables pour que, dans la compétition, on puisse tous travailler à même niveau », a déclaré le président de la coopérative Savéol, Pierre-Yves Jestin, en marge d’une visite de presse le 2 avril 2025. « Quand on se compare à des Marocains qui ont un coût de main-d’œuvre qui est 14 ou 15 fois inférieur au nôtre, c’est clair qu’on part avec un caillou dans la chaussure. C’est bien une distorsion de concurrence », a-t-il estimé.

Une révision de l’accord de libre-échange demandée

Le coût de la main-d’œuvre représente entre 40 % et 60 % du prix d’une tomate française, selon le maraîcher breton, qui plaide pour des droits de douane plus élevés pour les tomates marocaines. Les producteurs français reprochent aux tomates marocaines d’être en partie exemptées de droits de douane en vertu d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne.

« Ce qu’on demande, c’est de revoir la façon dont a été apprécié cet accord de libre-échange entre les Européens et les Marocains, pour faire en sorte […] de protéger les intérêts économiques de la France et de l’Europe », a ajouté Pierre-Yves Jestin.

Cela ne « mettrait pas complètement à mal la filière marocaine, parce qu’ils auront de toute façon toujours la production de tomates en hiver, sur laquelle les Français ne pourront jamais être compétitifs », a-t-il avancé.

Des tomates « sans pesticides »

En 2024, Savéol a produit 74 000 tonnes de tomates et 3 000 tonnes de fraises pour un chiffre d’affaires de 238 millions d’euros, en hausse de 1,7 % sur un an.

Les volumes produits ont été moins forts que prévu, du fait d’un « manque de rendement du début de saison » 2024, selon Pierre-Yves Jestin. « Cette année, la saison est plutôt de meilleur augure parce qu’on a une météo qui est super, et qui fera des beaux rendements, normalement, d’ici à la fin de mai », a-t-il prédit, prévoyant une production de tomates d’environ 77 000 tonnes en 2025.

La coopérative, qui emploie 2 500 personnes, produit l’essentiel de ses tomates « sans pesticides », ces derniers étant remplacés par des insectes élevés sous serre. Dans sa « ferme aux insectes » de Guipavas, près de Brest, Savéol élève ainsi chaque année 250 à 300 millions de punaises et de guêpes afin de lutter contre les ravageurs.