Sofruileg, filiale de la Scaap Kiwifruits de France, lance depuis cinq ans une variété de kiwi rouge avec de nouvelles techniques de culture. Cette variété est très précoce au débourrement et à la floraison, ce qui l’expose aux températures froides et à la PSA (Pseudomonas syringae actinidiae, bactérie responsable de la bactériose du kiwi). La conduite sous abri est donc nécessaire et permet de s’affranchir des contaminations par l’eau de pluie, vecteur important de la maladie. Encourageants, les essais et observations menés sur différents sites conduisent aujourd’hui au lancement de premiers vergers pilotes sous ombrières photovoltaïques. Il s’agit de structures de 10 x 100 m au toit dissymétrique. La pente exposée plein sud est constituée d’un calepinage de panneaux photovoltaïques et vitrages sur mesure. Le reste de la structure s’apparente à une serre plastique dont les côtés s’ouvrent en s’enroulant vers le haut.
À Moumour dans les Pyrénées-Atlantiques, Christophe Congues, président d’Euralis, accueille une de ces structures pilotes depuis 2021. À l’intérieur, deux rangées de kiwis ont été installées, selon une implantation assez classique : un interrang de 5 mètres, des pieds espacés de 4 mètres sur le rang, conduits en T-bar, 1 pied mâle implanté tous les 7 femelles. L’irrigation se fait par micro-aspersion. Elle est pilotée d’après les données fournies par une sonde capacitive. Des bourdons assurent la pollinisation des fleurs (9 ruches par hectare). Le sol, ensemencé d’herbe, est entretenu au tracteur tondeuse. L’agriculteur a fait le choix d’une fertilisation organique (bouchons de fumiers de brebis déshydratés). Son sol limono argileux est à 3,5 % de matière organique.
Rester au plus près du plein air
« Ici, nous sommes sur un ensoleillement à 30 % de lumière directe. Le calepinage du toit donne satisfaction avec une luminosité bien répartie pour tous les plants tout au long de la journée », explique Cédric Brana, responsable de la filière du kiwi chez Euralis, qui est partenaire de ce projet agrivoltaïque. Protégé des aléas climatiques extérieurs, le développement des arbres est excellent.
Ce rapport ombre/lumière semble donc adéquat : l’été, trop d’ombre pourrait perturber le phénomène d’induction florale. Mais comme le kiwi rouge fleurit de manière abondante, le nombre de fleurs reste plus que satisfaisant. L’ombrage permet également de limiter les accidents provoqués par les fortes chaleurs (grillures, blocage des arbres). Les bourdons se révèlent très faciles à gérer. La conduite de la taille et de l’éclaircissage reste similaire à la conduite en plein air.
L’abri dispose de bâches plastiques latérales, voire de filets anti-insectes, enroulables. Les bâches sont destinées à demeurer ouvertes le plus longtemps possible. Ensuite, les dynamiques d’ouvertures/fermetures répondent à plusieurs objectifs techniques : la gestion de la dormance, la protection contre la PSA et les gelées printanières. « Nous avons eu –1°C au printemps dernier et la serre fermée s’est maintenue à 0,4°C », illustre Christophe Congues. Il faudra utiliser des bougies antigel en cas d’épisode plus froid.
Les observations se poursuivent pour améliorer ce prototype de verger sous ombrière photovoltaïque. La pleine production, espérée pour 2025, mise sur un rendement de 20 t/ha.