« Il est tout naturel que je produise des pommes de terre pour Mousline, car l’usine est implantée dans le village voisin de Rosières-en-Santerre », explique Christophe Desmis, agriculteur à Vrély dans la Somme. Sur les 450 hectares que compte le Gaec du Moulin bleu qu’il exploite avec son frère, et l’exploitation de son fils, une centaine d’hectares sont réservés aux pommes de terre, dont 60 % pour l’usine Mousline. Le reste est implanté en variétés chipables, pour la coopérative Sana Terra et le négociant Chipex.

Changement de variété

Mousline recherche des pommes de terre riches en matière sèche et propose un choix de variétés à l’agriculteur. « Nous avons remplacé la Bintje cultivée autrefois, par la Fontane qui supporte beaucoup mieux les coups de chaleur et a besoin de moins d’eau pour se développer », souligne Christophe Desmis. Comme l’exploitation n’est pas équipée d’irrigation partout et que l’eau est devenue un enjeu majeur, Christophe Desmis accueille dans l’une de ses parcelles non irriguées, un essai de Mousline destiné à tester la tolérance à la sécheresse de 40 variétés.

Le Gaec a aussi engagé des efforts particuliers pour réduire les intrants. « Nous nous situons dans le bassin de l’aire de captage en eau potable de Caix, ce qui engendre certaines contraintes, explique l’agriculteur picard qui fait partie avec une quinzaine d’autres producteurs, d’un GIEE (1). Comme dans toutes les parcelles de l’exploitation, nous réalisons un reliquat azoté systématique en sortie d’hiver, et apportons 80 % de la quantité d’azote calculée par la méthode des bilans à la plantation. En cours de végétation, nous effectuons des analyses de bas de tiges, et complétons si besoin la fertilisation, par un apport d’ammonitrate ».

Christophe Desmis a aussi investi dans une station de traitement de l’eau Eqo Modul, pour réduire son utilisation de produits phytos. « En adaptant pH, conductivité et température de l’eau, nous réussissons à réduire la dose apportée, indique-t-il. Cette année, au 25 juillet, nous n’avons réalisé que 4 traitements antimildiou, 1 à un tiers de dose, et 3 à demi-dose. » De même, il n’a appliqué qu’un seul insecticide à base de Coragen, fin juin, pour faire face à une grosse attaque de doryphores. « Nous avons constaté avec satisfaction que ce produit préservait les auxiliaires et en particulier les coccinelles. »

Stockage longue durée

Christophe Desmis livre environ 500 tonnes de pommes de terre à Mousline, juste après l’arrachage ou en cours d’hiver. « En 2000, nous avons transformé en frigo, un bâtiment de 1900 m², pour y stocker des pommes de terre destinées à la transformation en babyfood, pots pour bébé, indique-t-il. Depuis, ce contrat a été interrompu, mais comme nous disposons d’un grand frigo, nous stockons aujourd’hui, 2 000 tonnes de pommes de terre à 4 °C, pour Mousline que nous livrons entre le 1er juin et la première semaine de juillet. Nous descendons progressivement la température du bâtiment, de 0,2 °C par jour, jusqu’à 4 °C, et le maintenons ensuite à cette température, jusqu’en juillet. »

Pour couvrir le coût énergétique que le stockage génère, la perte de poids, la trésorerie qu’il faut avancer et le risque de problème pendant la conservation, Christophe Desmis bénéficie d’une prime de stockage qui va jusqu’à 435 €/tonne de matière sèche, soit autour de 100 euros par tonne de pommes de terre.

(1) Groupement d’intérêt économique et environnemental.