Pendant trois ans, des vergers de pêches et d’abricots de la plaine de Crau dans les Bouches-du-Rhône ont été contingentés en eau, dans le cadre du programme Arb’eau Crau. Lancé en 2020 et piloté par la chambre d’agriculture, cette expérimentation est d’actualité. Pour la première fois au cours de l’été caniculaire 2022, la nappe de Crau a en effet fait l’objet de mesures de restriction sur les prélèvements en eau. « Il y a une inquiétude grandissante des producteurs à ce sujet, indique Lauriane Morel, chef de projet à la chambre d’agriculture. D’où l’idée de ce projet qui a été conduit chez deux agriculteurs de ce secteur. »

L’essai a porté sur cinq parcelles d’abricots, de nectarines blanches et jaune précoces, de saison et tardifs ainsi que sur des pêches tardives. Irrigués au goutte-à-goutte, les vergers ont subi trois périodes de restriction à des seuils différents : - 10 % du 15 juin au 15 juillet ; - 20 % entre le 15 juillet et le 15 août ; - 10 % entre le 15 août et le 15 septembre. Sur la seconde moitié de ces parcelles, les arbres ont été irrigués normalement. Différents paramètres ont ensuite été mesurés : la croissance des pousses, le rendement, le poids moyen des fruits, les calibres, les sols…

Variétés tardives impactées

Quelque soit l’année, les restrictions ont eu peu d’impact sur les nectarines et les abricots précoces. « Nous n’avons pas observé de différence significative sur les rendements et les calibres avec ceux de la modalité irriguée à dose normale, précise Lauriane Roussel. Même chose pour les critères de maturité, de fermeté, de teneur en sucres des fruits, etc. Ceci tient au fait que les limitations interviennent au moment de la récolte ou à quelques jours de celle-ci. » Les résultats sont tout autres pour les fruits de saison et tardifs.

« Les réductions interviennent en effet au cours du cycle végétatif des arbres », enchaîne la responsable. Les variétés tardives dont la récolte a lieu en septembre sont les plus impactées car elles ont subi les trois périodes de restriction. » Sur les trois années de l’essai, les variétés de saison ont enregistré une baisse de production moyenne de près de 10 t/ha. En 2022, la variété QueenGlory a ainsi produit 34,9 t/ha sous restriction et 44,7 t/ha sans. Le calibre est par contre quasi similaire. Plus de la moitié des fruits récoltés entrent dans la catégorie 2A les plus prisés par le marché.

Sur les variétés tardives, la perte de rendement entre les deux modalités est similaire, avec 10 t/ha. Ce qui diffère en revanche, c’est le calibre des fruits. Les arbres sous restriction d’eau ont produit trois fois moins de fruits classés dans la catégorie 2A. Leurs fruits sont toutefois plus sucrés.

« Il semblerait en outre que les restrictions répétées sur plusieurs années aient une incidence sur la perte de rendement et le calibre, commente Lauriane Roussel. Mais ceci reste à confirmer. » Autre enseignement du programme, les économies d’eau réalisées ne sont pas colossales : 750 m3/ha dans le cas des variétés de saison et 625 m3/ha sur variétés tardives.