Suite aux annonces le 27 février au Sia par Élisabeth Borne, Première Ministre, d’un plan d’alternatives aux produits phytos, nombre de professionnels restent sceptiques sur ses applications concrètes, à l’instar du collectif Sauvons les fruits et légumes.

« Avec son annonce de “respect du cadre européen”, Madame Élisabeth Borne revient à ce qui devrait être le cadre réglementaire normal de l’usage des produits phytosanitaires en France », juge le collectif dans un communiqué paru le 28 février 2023. Il rappelle que ce cadre européen est le plus protecteur au monde de la santé publique et de l’environnement.

« Nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs sauf en cas de force majeure, quand la santé publique est menacée sous-entend que les décisions européennes peuvent ne pas respecter la santé publique. Est-elle prête à assumer une telle déclaration devant les autres États membres de l’UE et devant les autorités sanitaires européennes ? », se demande le collectif.

Temps de la recherche à prendre en compte

Le collectif Sauvons les fruits et légumes estime par ailleurs « illusoire » de penser que les recherches d’alternatives aux produits phytos « vont déboucher sur du zéro phyto d’ici à quelques années ou même dans 10, 15, ou 20 ans. »

« Surtout, ce temps de la recherche n’est pas celui des ravageurs et des maladies. Comme tous les ans, ceux-ci s’attaqueront aux vergers et aux cultures maraîchères dès ces prochaines semaines à la faveur de la chaleur et de l’humidité printanière, complète le collectif. C’est donc dès maintenant qu’il faut des solutions pour combler les boîtes à outils vides des producteurs. »

Clause rétroactive

Les producteurs du collectif suggèrent donc à la Première Ministre « d’instaurer une clause rétroactive au respect du cadre européen en lieu et place de son “désormais” qui arrive pour nombre de cultures bien trop tard ».

Et de citer l’exemple du puceron cendré pour lequel « seuls les producteurs français de pommes se trouveront démunis en 2024, c’est-à-dire demain, il est par exemple urgent de rétablir l’acétamipride dont l’usage est autorisé en Europe ».

Souveraineté alimentaire

« On parle de retrouver la souveraineté alimentaire, mais nous faisons face à une litanie d’obstacles, qui fait que lorsqu’on est pragmatique et sur le terrain, cela éteint l’ambition de départ », estime de son côté Daniel Sauvaître, président de l’ANPP (Association nationale pommes poires), lors d’un entretien au Sia le 28 février 2023. Il craint une perte de compétitivité de la filière et une hausse des importations.