Mené de 2017 à 2021, le projet européen API-Tree (1) avait pour objectif d’expérimenter des solutions alternatives aux produits phytosanitaires contre les insectes ravageurs du pommier. Partenaires de l’étude, l’Inrae (2) et le Grab (3) ont mis en place des essais au champ, principalement dans le sud de la France : ils ont porté sur différents leviers d’actions (lire l’encadré) et ravageurs, dont le puceron cendré (Dysaphis plantaginea), l’hoplocampe (Hoplocampa testudinea) et le carpocapse (Cydia pomonella).

Effet répulsif

L’impact des plantes compagnes sur le puceron cendré a été étudié sur deux sites distincts : l’un avec du basilic ou du souci aux abords des arbres, l’autre avec du romarin dans les rangs et interrangs. Les résultats ont montré une diminution de l’abondance des pucerons en présence de romarin ou de basilic par rapport au témoin, chose qui n’a pas été observée avec le souci.

Le romarin favoriserait également certains auxiliaires, en particulier les syrphes. « Cette seule expérimentation ne permet pas de démêler l’effet des plantes compagnes de celui de la prédation, précise Sylvaine Simon, de l’Inrae. Elle ouvre néanmoins des perspectives pour la mise en œuvre sur le terrain », ajoute-t-elle.

Au Grab, l’effet répulsif de trois huiles essentielles (achillée millefeuille, ylang-ylang, estragon) et d’un composé volatil (alpha-farnésène et béta-ocimène) a été testé contre l’hoplocampe. Le comptage des individus piégés et l’observation des dégâts n’ont pas montré de différence significative entre le témoin et les modalités traitées. « Nos conclusions ne vont pas dans le sens de certaines publications scientifiques, ce qui peut s’expliquer par des différences de protocole », analyse Claude-Éric Parveaud, du Grab. Cette étude apporte toutefois une piste intéressante sur les pièges à colle : ceux de couleur bleue permetteraient de capturer davantage de ravageurs et moins d’auxiliaires par rapport à ceux de couleur blanche.

Lâchers au champ

D’autres essais ont consisté à réaliser des lâchers de prédateurs naturels dans les vergers. L’un d’eux a confirmé le potentiel de régulation de deux espèces de perce-oreilles (Forflicula auricularia et Forficula pubescens) sur le puceron cendré. Pour être efficaces, ces lâchers doivent être effectués tôt en saison, juste après la floraison.

Par ailleurs, concernant le carpocapse, Mastrus ridens a fait l’objet, pour la première fois en France, de lâchers au champ (15 000 individus sur 35 sites). « Les suivis ont montré la capacité de ce parasitoïde exotique à survivre et s’installer dans divers contextes pédoclimatiques », indique Nicolas Borowiec, de l’Inrae. Les lâchers et suivis se poursuivent cette année, avec 22 sites supplémentaires. Charlotte Salmon

(1) Une synthèse de 12 essais est disponible : https://hal.inrae.fr/hal-03352357/document

(2) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

(3) Groupe de recherche en agriculture biologique.