Plutôt que de produire plusieurs types de fraises, Nicolas Chevrot a fait le pari d’une variété unique : la Cléry qu’il cultive du début de mars à la fin de juin sans interruption. « Je fournis à mes clients un fruit régulier en quantité et en qualité, indique l’agriculteur, qui s’est lancé dans la fraise il y a dix ans. Ce choix me permet de les fidéliser. »
Qualité et quantité régulières
À l’origine produites en plein champ, les fraises sont conduites en hors-sol sous serres en partie chauffées. « Avec cette technique, je n’ai plus à désinfecter les sols, indique Nicolas Chevrot. La cléry est en outre bien adaptée à cette solution. J’ai investi petit à petit. J’ai mis en place 3 000 à 4 000 m² par an de serres hors-sol pour parvenir à 2 ha. »
Deux hectares de serres
Pour étaler la production de mars à juin, il a recours à différentes sortes de plants qu’il répartit dans des blocs de serres distincts. Les « trayplants chauffés » (mottes prêtes à fleurir) sont plantés de la fin de novembre au début de décembre et entrent en production au cours de la première semaine de mars. Ils sont à leur pic à la fin de mars. Les « mini-tray froids » sont, quant à eux, implantés entre le 10 et le 25 décembre. Ils donnent leurs premières fraises à la fin de mars et sont en pleine production à la mi-avril. Enfin, les « plants frigo » ou « plants racines nues », installés au mois d’août de l’année précédente. Ils commencent à produire à la mi-avril et font le plein de fruits de la mi-mai jusqu’au début de juin.
« Les “trayplants” effectuent un second cycle de production à la mi-mai et les “minitrays” à la mi-juin, expose Nicolas Chevrot. De sorte que lorsque la production des “plants frigos” commence à décliner, ces deux autres modalités prennent le relais jusqu’à la fin du mois de juin. »
Fidélisation des employés
Nicolas Chevrot produit en moyenne 90 à 95 t de fraises par an. Les « plants frigo », les seuls à rapporter de la fraise au cours d’un seul cycle, sont particulièrement fructifères. « En un mois, ils donnent autant que les quantités récoltées à partir des “minitrays” au cours de leurs trois mois de production », détaille-t-il. Pour lisser le rendement sur la saison, il a raisonné ses installations. Les « plants frigos » n’occupent que 15 % de la culture. Les « trayplants chauffés » représentent la moitié de la superficie. Les « minitrays » 35 %.
Il commercialise sa production auprès d’une dizaine de grossistes basés à Lyon, Paris et Nice. « Nous avons des commandes tous les jours, indique-t-il. Les consommateurs veulent des fraises bien rouges, brillantes et d’un calibre moyen. La cléry répond à ces critères et elle affiche un bon taux de sucre. »
L’exploitant travaille avec une équipe de quatorze saisonniers auxquels il fait appel chaque année. « Régulariser le volume de production m’a aussi permis de les fidéliser, il n’y a pas d’à-coups », souligne Nicolas Chevrot. Ce dernier enchaîne avec le melon de plein champ, qui entre en production en juin.
À l’avenir, ses fraises pourraient bénéficier d’un atout supplémentaire. Un dossier pour l’obtention d’une IGP Fraise de Carpentras a été engagé par la profession.
Chantal Sarrazin