Coordonné par l’Inrae (1) de 2018 à 2020, le projet « Friendly Fruit » a permis de tester plusieurs pratiques culturales en production de pommes puis d’en mesurer les impacts agronomiques, économiques et environnementaux (2). Les essais ont été réalisés sur plusieurs sites de France, Italie, Pays-Bas, Espagne et Maroc sur différentes thématiques : gestion des bioagresseurs, qualité des sols, biodiversité, efficience de l’usage de l’eau ou encore atténuation des effets du changement climatique.
Lutte contre la tavelure
En France, trois produits de biocontrôle ont été évalués sur le site expérimental du CTIFL (3) de la Morinière, en Indre-et-Loire. Soriale, à base de phosphonate de potassium, a été testé pour le contrôle des maladies du stockage de la pomme, en particulier sur Gloeosporium (Soriale est un produit homologué contre la tavelure avec un délai avant récolte de trente-cinq jours. Il est, de ce fait, interdit d’usage pendant la période à risque de Gloeosporium). Appliquée à 1,4 kg/ha, cette solution a montré une certaine efficacité, située entre le témoin et la référence chimique (Captan/fludioxonil/fludioxonil).
Deux autres formulations ont été évaluées contre de la tavelure : Romeo (S.Cerevisiae), actuellement non homologué sur pommes et Myco-Sin (mélange d’argile soufré et d’extrait de prêle), non approuvé en France contre la tavelure. Le premier produit (appliqué à 0,25 kg/ha tous les sept jours) n’a pas apporté une efficacité suffisante sur feuilles et sur fruits tandis que le deuxième (5 kg/ha) s’est révélé pertinent en comparaison du cuivre (150 g/ha).
Un autre essai mené sur le site Inrae de Gotheron, dans la Drôme, a porté sur deux typologies de couverture des sols : un couvert de graminées en plein, c’est-à-dire présent dans l’interrang et dans le rang, et un mélange de graminées-légumineuses installé dans l’interrang et restitué sous forme de mulch dans le rang. Ces deux modalités avaient pour objectif de réduire l’utilisation d’herbicide, d’optimiser l’organisation du travail, de limiter les interventions mécaniques sur le rang (couvert en plein) ainsi que d’améliorer la fertilité des sols (couvert mixte).
Économie d’azote
L’expérimentation a été effectuée sur deux vergers matures de 15 ans, l’un en agriculture bio, l’autre en production intégrée. Le mélange de graminées-légumineuses (lotier corniculé, trèfle blanc, ray-grass anglais, fétuque élevée, dactyle aggloméré et sainfoin cultivé) a produit 1,71 t de matière sèche à l’hectare, soit 25 % de plus que le témoin, composé de graminées dans l’interrang et désherbé mécaniquement dans le rang.
L’apport supplémentaire d’azote par ce couvert est estimé à 71 %, soit une économie potentielle de fertilisants de 10 unités. Le gain en carbone est évalué à 24 % mais devra être confirmé par une analyse de sol. La modalité sur des couverts en plein n’a, quant à elle, pas affecté la production de fruits sur la durée de l’essai que ce soit en qualité ou en quantité. Il devra être renouvelé dans d’autres contextes pédoclimatiques pour valider ces résultats. Charlotte Salmon
(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
(2) Fiches synthétiques disponibles avec ce lien : hal.inrae.fr/hal-03467273/document.
(3) Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.