Favoriser la présence des auxiliaires indigènes sur les cultures maraîchères sous abris, c’est l’objectif du projet Dephy Expé Cosynus conduit par le Grab (1) d’Avignon (Vaucluse), l’Aprel à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et la Sérail à Brindas (Rhône). Ce projet, lancé en 2019 pour cinq ans, a consisté à créer des aménagements agroécologiques sur l’exploitation pour renforcer la présence des insectes utiles contre les pucerons et les acariens. Les expérimentations ont porté sur une rotation de culture classique du Sud-Est : concombre, salade, aubergine.

Des bandes fleuries composées d’alysse, d’achillée, de lotier corniculé, de souci… ont été plantées à l’automne à l’intérieur des abris au pied des bâches plastiques. Au début du projet, des bandes fleuries associant une quinzaine d’espèces annuelles et vivaces avaient été semées à l’extérieur. À la plantation des cultures, des pieds d’alysse ont été implantés à l’intérieur des serres, sur le rang central. Objectif, attirer les syrphes dans la serre afin qu’ils pondent leurs œufs dans les foyers de pucerons qui se trouvent sur les cultures.

Transfert actif

Autre méthode testée, le transfert actif d’auxiliaires sur les cultures. Il consiste à couper les tiges des plantes colonisées par les auxiliaires et à les disposer dans la serre. Le Grab l’a fait avec la punaise prédatrice Macrolophus sur les aubergines en tout début de culture. Au préalable, il faut s’assurer qu’il y a suffisamment d’insectes sur les tiges de souci en les frappant au-dessus d’une feuille de papier. L’idée est de lâcher deux individus par m2 de culture en moyenne.

Les travaux portent aussi sur la flore spontanée à l’extérieur des serres. « Elle sert de refuge aux auxiliaires, indique Jérôme Lambion, ingénieur au Grab. Nous ne la fauchons pas dans son intégralité. Nous réalisons un broyage au printemps et à l’automne en laissant la moitié de la surface en place. »

Les stratégies testées sont, par ailleurs, évolutives. Depuis deux ans, le Grab sème dans un tunnel de serre un mélange de seigle et d’orge à l’automne lors de l’implantation des cultures de salades. Cette solution a permis de réguler les pucerons dès le début de la culture. L’intérêt de ces stratégies est d’avoir des bioagresseurs à disposition sans avoir à les acheter à l’extérieur. Les producteurs sont autonomes et beaucoup plus réactifs dans leurs interventions.

Après trois années d’essais, les perspectives sont encourageantes. « Les stratégies engagées montrent leur efficacité sur les pucerons en début de campagne, affirme le spécialiste. Sur concombre, l’implantation de bandes fleuries sous abris a favorisé la présence de parasitoïdes du puceron dès le mois de mai avec un ratio favorable d’un auxiliaire pour cinq pucerons. » Les populations d’acariens restent, en revanche, plus difficiles à juguler. Chantal sarrazin

(1) Groupe de recherche en agriculture biologique.