C’était malheureusement attendu. Sur la base des mises en place de poulettes et de la perte du potentiel productif due à l’influenza aviaire, l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) table sur un recul de la production d’œufs de 8 % en 2022, par rapport à 2021. Pour autant, les achats d’œufs coquille pour la consommation à domicile ont progressé de 0,6 % l’an passé. Les prix ont affiché une hausse moyenne de 7,5 % tous modes d’élevage confondus, « portés par une tendance inflationniste », précise l’Itavi.

Le plein air et l’élevage au sol ont le vent en poupe

Les œufs issus de poules élevées au sol gardent la cote, tout comme les œufs « plein air ». Leurs achats se sont accrus de 23 % et 6,3 % respectivement. A contrario, les ventes sont en baisse pour les œufs issus d’élevages en cage aménagée (–11 %), le label rouge (–3,6 %) et le bio (–5,8 %). « Il convient de lier cette baisse au volume des achats élevés au début de l’année 2021, en raison des mesures de restriction pour endiguer la progression de la pandémie de Covid-19 », analyse l’Itavi.

Un appel d’air pour les importations

Consommation soutenue et de baisse de l’offre ont logiquement créé un appel d’air pour les importations. Celles d’œufs coquille ont bondi de 47,7 %, « avec une forte hausse des envois depuis la Pologne (+521,9 %) », souligne FranceAgriMer. D’après Mohamed Bouzidi, agroéconomiste à l’Itavi, « l’Espagne reste le premier fournisseur de la France en cumul annuel, mais la Pologne est passée en tête à partir d’octobre 2022 sur les imports mensuels ».

- L'offre française d'œufs n'a pas couvert la demande en 2022.

Pour le spécialiste, les œufs coquille importés depuis la Pologne sont destinés à la fabrication d’ovoproduits. « Il pourrait y avoir de faibles volumes destinés à la restauration », complète-t-il. Car du côté des ovoproduits aussi, les approvisionnements extérieurs se sont accrus l’an passé, de l’ordre de 20,3 %, « notamment depuis les Pays-Bas, l’Espagne et la Belgique », indique FranceAgriMer.

En parallèle, les exportations françaises sont en berne en 2022. En volume, elles se replient de 40 % pour les œufs coquille et de 3,6 % pour les ovoproduits. Résultat, la balance commerciale fait grise mine. L’an passé, « le solde global des échanges d’œufs coquille et d’ovoproduits de la France est redevenu négatif », observe FranceAgriMer. Il s’établissait à –45 500 tonnes-équivalent œufs coquille (teoc) et –81,8 millions d’euros. C’est une forte dégradation par rapport à 2021, tant en volume (–55 200 teoc) qu’en valeur (-99,9 millions d'euros).

- Le solde global des échanges d’œufs coquille et d’ovoproduits de la France est redevenu négatif en 2022.

Sur le premier semestre de 2023, l’offre française d’œufs « devrait se redresser de 9 % par rapport à 2022, mais restera inférieure de 0,5 % par rapport à 2021 », avance l’Itavi. De quoi espérer un rééquilibrage du commerce, à condition que la situation sanitaire le permette.