Éleveur de porcs et céréalier avec son frère dans le Finistère, Dominique Morvan a suivi en 2022 une formation de référent en bien-être animal sur son exploitation : « C’est plus agréable de travailler avec des animaux moins stressés. L’animal, c’est comme un être humain, il a besoin de confort », en tire-t-il comme conclusion.

L’idée de suivre cette formation lui est venue de son groupement de producteurs, Porc Armor Évolution. Celui-ci regroupe six cents éleveurs dans le grand ouest de la France. Son animatrice qualité, Nathalie Rault, a mis en place ces formations : « Pour établir le programme pédagogique, nous avons choisi de nous emparer des cinq libertés fondamentales de l’animal pour montrer qu’elles peuvent présenter des intérêts techniques pour l’éleveur (absence de faim ou soif, de peur, de stress physique ou thermique, de douleur ou de maladie, liberté de comportement) », explique-t-elle.

Référent obligatoire

En décembre 2021, un arrêté a obligé tous les élevages à nommer en leur sein un référent en bien-être animal dès janvier 2022. « Même si nous pensons bien faire, voilà une nouvelle compétence que nous devons prouver », raconte Dominique Morvan. Les opérateurs de compétences de la filière, c’est-à-dire Vivea pour les chefs d’exploitation et Ocapiat pour les salariés agricoles, ont donc bâti un socle de formation sur le sujet. « Nous avons transformé cette nouvelle contrainte en une opportunité afin de revendiquer notre savoir-faire sur le bien-être animal », insiste Marianne Dutoit, éleveuse dans le Gers et présidente de Vivea.

Avec le soutien du ministère de l’Agriculture, Ocapiat et Vivea ont monté un parcours de formation en deux parties. La première, en présenciel, permet de comprendre les bases du bien-être animal (liberté, douleurs, comportement et ambiance des bâtiments) et de les mettre en pratique dans les exploitations. La seconde partie, en ligne, est consacrée à la réglementation. Les premières formations se sont déployées à partir d’avril 2022. La mise en œuvre de ce schéma passe par les organismes de formation habituels sur le terrain. A la fin de janvier 2023, 7600 exploitants et 337 salariés ont été formés, principalement dans les secteurs du porc et de la volaille. Ce qui représente environ un tiers du public ciblé.

Intérêt technique

Yannick Roy, éleveur de 140 000 poules pondeuses dans le sud de la Vendée, fait partie de ceux-ci : « Cette formation m’a permis de poser des mots sur ce qu’on voit tous les jours. Pourquoi les poules ont tel comportement ? N’est-ce pas précurseur d’un mal-être ou de quelque chose de préjudiciable à la production ? Acquérir cette compétence me permet maintenant d’identifier plus rapidement les problèmes éventuels », témoigne-t-il.

« Il faut aussi que l’éleveur soit bien dans sa peau pour observer les animaux », précise Damien Bouillaud, formateur à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, qui a mis en place la formation que Yannick Roy a suivie. Ce point est particulièrement sensible dans sa région, où l’influenza aviaire contraint fortement le travail des éleveurs.