Au printemps 2022, la nuisibilité des maladies sur orges a été estimée à 14,8 q/ha, soit juste au-dessous de la moyenne pluriannuelle. La rouille naine, est demeurée la maladie la plus présente sur le terrain. Elle s’est développée avec une intensité moyenne de 44 % dans les témoins non protégés des essais d’Arvalis.
« Les solutions actuellement disponibles ainsi que celles en cours de développement, ont montré un bon niveau d’efficacité sur la rouille naine », précise l’institut. Ainsi, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les solutions testées telles que Kardix (prothioconazole + fluopyram + bixafène), Revystar XL (méfentrifluconazole + fluxapyroxade), Isix (méfentrifluconazole + pyraclostrobine)...

Contre la rhynchosporiose et l’helminthosporiose, de nombreuses solutions avec des familles chimiques et des modes d’action différents permettent de lutter efficacement. Certes, depuis le retrait du chlorothalonil, les fongicides restant disponibles pour venir à bout de la ramulariose manquaient d’efficacité. Toutefois, Adama vient d'obtenir une extension d’usage sur orges pour Sesto (folpel).
Sesto contre ramulariose
Dans les essais d’Arvalis, Sesto à 1,2 ou 1,4 l/ha a été associé à Madison (prothioconazole +trifloxysrobine) à 0,7 l/ha ou Fandango S (prothioconazole + fluoxastrobine) à 1,2 l/ha. Son efficacité sur rhynchosporiose et helminthosporiose a été comparable aux références Kardix 0,7 à l/ha +Twist 500 SC (trifloxystrobine) 0,14 à l/ha ou Madison (prothioconazole + trifloxystrobine) à 0,7 l/ha.
Toujours avec les mêmes partenaires, il est apparu efficace sur ramulariose. « Les différentes solutions ne se distinguent toutefois pas en termes de rendement, mais la pression maladie de 2022 est restée modeste. Malgré tout, lorsqu’il est nécessaire, Sesto est une nouvelle solution qui apparaît particulièrement efficace », juge Jérôme Thibierge d’Arvalis.

Arvalis teste par ailleurs depuis quelques années Systiva, le traitement de semences développé par BASF à 0,15 l/q, associé à Premis 25 FS (triticonazole) à 0,2 l/q, car Systiva n'a pas d'action sur charbon nu. Il doit être positionné sur des cycles relativement longs, c’est-à-dire sur orge d’hiver ou sur des orges de printemps semées l’hiver.
« Comparativement à Vibrance Gold (sédaxane + difénoconazole + fludioxonil) à 0,2 l/q, il atténue un peu la pression maladie, la promesse de mieux protéger le début de cycle est donc plutôt tenue. En revanche, le niveau de rendement étant similaire à la protection de semence classique, il ne va pas réellement déplafonner les rendements et l’on peut faire équivalence avec un raisonnement en cours de saison », juge Jérôme Thibierge.
Avis réservé sur Systiva
Systiva a montré notamment une efficacité sur rhynchosporiose. Toutefois, dans plusieurs situations d’essais 2022, un phénomène, déjà apparu en 2021 a été observé sur helminthosporiose. Cette maladie s’est en effet davantage développée avec ce traitement, qu’avec Vibrance Gold. « Il y a une inversion de flore, l’helminthosporiose ayant profité de la niche écologique laissée par la rhynchosporiose pour se développer davantage", explique le spécialiste.
« Bien que l’IFT (indice de fréquence de traitement) peut s’en trouver améliorer, le principe d’un traitement de semence systématique va à l’encontre du principe de la protection intégrée. Et nous avons très peur que ce soit une solution dont l’intérêt technique ne dépasse que peu le raisonnement habituel et qu’elle accélère la perte d’efficacité des SDHI (voir encadré sur les résistances) », s’inquiète Jérôme Thibierge.

L’institut estime donc que Systiva devra être réservé à des cas particuliers de variétés sensibles à la rhynchosposiose et dans des situations de faible risque d’helminthosporiose, et éventuellement sur orge de printemps semée à l’automne. Il ne devra pas être suivi d’une autre application de SDHI en traitement foliaire.
Associer les SDHI
Sur le plan pratique, toutes maladies confondues, Arvalis invite à diversifier les modes d’action et les molécules dans les programmes, avec une seule application par ha et par an de SDHI et de strobilurine. La note commune sur les résistances des fongicides de 2022 ajoute que l’emploi du cyprodinil devra aussi être limité à une application par saison.
« S’agissant des triazoles, on s’efforcera d’alterner les molécules : alternance facilitée par l’introduction du méfentrifluconazole », juge l’institut. De plus, il est conseillé de toujours associer les SDHI avec des fongicides efficaces présentant d’autres modes d’action, en particulier le prothioconazole ou le cyprodinil. Sur faible pression, l’intérêt de l’association de triazoles à des strobilurines est à noter. Et il faudra réserver uniquement aux variétés sensibles à l'helminthosporiose, le recours aux mélanges trois voies (triazole + SDHI + strobilurine).
Ainsi, à titre d’exemple, en présence de variétés peu sensibles aux maladies (Caroussel, Eternel, KWS Joyau, SY Galileoo, ou Fandaga côté orge de printemps semée à l’automne), l’impasse au T1 (1 cm à 1 nœud) est possible. Ensuite, il sera autorisé d’intervenir à la sortie des barbes (T2) avec des triazoles + SDHI telles que Kardix à 1 l/ha, Revystar XL à 0,8 l/ha ou encore avec des triazoles + strobilurine comme Madison à 0,9 l/ha ou Curbatur (prothioconazole) à 0,5 l/ha + Comet 200 (pyraclostrobine) à 0,5 l/ha…
Sur des variétés moyennement sensibles (Dementiel, KWS Exquis, LG Casting ou Laureate en orge de printemps semée à l’automne) Unix Max (cyprodinil) à 0,6 l/ha + Meltop One (fenpropidine) à 0,2 l/ha ou Unix Max à 0,6 l/ha + Input (prothioconazole + spiroxamine) à 0,2 l/ha au T, pourront être associés aux mêmes types de produits en T2 mais à des doses légèrement moindres (Kardix à 0,9 l/ha, Revystar XL à 0,75 l/ha, Curbatur à 0,45 l/ha + Comet 200 à 0,45 l/ha ou Madison à 0,8 l/ha).
Sur les orges les plus sensibles aux maladies, telles que KWS Faro, Mascott, Rafaela et LG Zodiac, on gardera un de ces deux T1 auquel on associera triazole, SDHI et strobilurine en T2, comme Zoom (mefentrifluconazole + fluxapyroxade) à 0,7 l/ha + Comet 200 à 0,35 l/ha ou Librax (metconazole + fluxapyroxade) à 0,8 l/ha + Comet 200 à 0,4 l/ha, par exemple.
« Mais dans tous les cas, la stratégie fongicide définie de façon prévisionnelle nécessitera des ajustements au contexte parasitaire de l’année et de la parcelle », appuie Arvalis.