Il aura fallu la révolte des gilets jaunes et la colère des maires ruraux pour intéresser le pouvoir exécutif. En 2019, les campagnes ont été jugées dignes de se voir consacrer une politique gouvernementale. Cela faisait quarante ans qu’elles n’avaient pas bénéficié d’une telle attention, estiment les maires ruraux qui ont conçu, en partie, le plan qui leur a été présenté en septembre par Édouard Philippe. Baptisé l’Agenda rural, il compte près de deux cents mesures.

Des licences de revitalisation

Le gouvernement entend ainsi revitaliser les bourgs, en apportant un soutien fiscal aux petits commerces et en développant des lieux de convivialité. Il prévoit notamment de remettre en circulation des licences IV (autorisant la vente d’alcool), afin de favoriser l’implantation de cafés dans les villages.

Le plan projette par ailleurs de renforcer l’accompagnement des jeunes des territoires ruraux, en déployant, en 2020, une plate-forme regroupant plusieurs services, comme le permis à 1 euro et les cartes de réduction pour les transports. Trente-trois campus connectés devraient aussi voir le jour pour réaliser des études supérieures à distance. Concernant le numérique, le gouvernement table sur une résorption des zones blanches en cinq ans.

Un comité interministériel de la ruralité, chargé du suivi de l’Agenda rural, se réunira début 2020. Mais déjà, des divergences se font entendre, notamment au sein du parlement. En jeu : le régime de zone de revitalisation rurale (ZRR). Créé en 1995, ce dispositif donne droit à des exonérations de fiscalité et des allégements de cotisations sociales patronales pour 14 000 communes. Plus de 4 000 devaient quitter le dispositif en juin 2020. L’Agenda rural repoussait ce terme à la fin de l’année prochaine. Mais, dans le cadre de l’examen du projet de budget pour 2020, les sénateurs ont voté, le 6 décembre, une sortie pour la fin 2021.Rosanne Aries