« Manger cinq fruits et légumes par jour et moins de viande. » Tel pourrait être le nouvel adage du prochain programme national de nutrition et de santé (PNNS). Depuis sa création en 2001, ce plan fixe les grandes orientations pour améliorer l’alimentation, l’activité physique et la santé des Français.

Pour la cinquième fois, le Haut-Conseil de la santé publique (HCSP) a publié ses recommandations en vue du futur programme, prévu pour la période de 2025 à 2030. Dans un rapport diffusé le 24 juillet 2025, il propose de revoir à la baisse les seuils de consommation conseillés pour l’ensemble des viandes telles que la charcuterie, la viande rouge ou la volaille, jusqu’alors sans limite officielle.

Les Français sont des grands consommateurs de viande

« Les repères actuels relatifs à la viande rouge et à la charcuterie en France sont plus élevés que ceux de la plupart des pays européens. Pour aller vers des régimes plus sains et durables, il est donc nécessaire de revoir à la baisse les seuils concernant l’ensemble des viandes (y compris la volaille), ceux de la viande rouge et de la charcuterie », détaille le Haut-Conseil.

Actuellement, le PNNS recommande de privilégier la volaille et de limiter la consommation des autres viandes à 500 grammes par semaine, auxquels s’ajoutent 150 grammes de charcuterie, soit un total de 650 grammes. Des seuils qui restent plus élevés que ceux fixés par plusieurs pays européens, dont les recommandations ont récemment été révisées au regard des enjeux environnementaux liés à l’alimentation. Par exemple, l’Espagne recommandait en 2024 de ne pas dépasser les 100 à 125 grammes de viande par semaine.

Le HCSP appelle également à une meilleure information du public sur les différences d’impact entre les types de viande, que ce soit en termes de santé ou d’empreinte environnementale. Il souligne l’importance de rendre accessibles des alternatives concrètes à la viande rouge et à la charcuterie, que ce soit dans une logique de réduction (avec les légumineuses, les œufs, la volaille ou les produits végétaux riches en protéines) ou une exclusion complète. Dans ce cas, des repères nutritionnels adaptés sont nécessaires pour garantir un équilibre alimentaire satisfaisant.

Plus de contraintes

Le bilan du dernier programme national de nutrition et de santé (PNNS 4) est plutôt mitigé. Si des avancées comme l’introduction du Nutri-score ou la promotion de l’activité physique sont à saluer, le programme misait principalement sur l’autorégulation des consommateurs et la communication. Le programme passe désormais la vitesse supérieure et vise des leviers plus contraignants. Désormais, le Haut-Conseil appelle à la promotion de modes de vie plus actifs, avec l’intégration du sommeil comme facteur clé de santé. Sans oublier une activité physique adaptée à tous les publics.

Du côté de l'alimentation, le programme mise sur des régimes plus sains et durables, avec une place plus importante des aliments d’origine végétale. Les futures recommandations nutritionnelles devraient intégrer de manière plus explicite les critères environnementaux, afin de concilier santé publique et durabilité.

Le Haut-Conseil souhaite également renforcer l’encadrement de l’environnement alimentaire. L’idée : passer des incitations volontaires à des mesures réglementaires plus strictes. Parmi les propositions concrètes : interdire la promotion des marques agroalimentaires notamment les publicités et les ventes promotionnelles ciblant les moins-de-16-ans, lorsqu’elles concernent des aliments de faible qualité nutritionnelle.

Autre axe fort : la lutte contre la précarité alimentaire. Le rapport plaide pour des modèles plus équitables, à l’image d’une sécurité sociale de l’alimentation et pour une meilleure prise en compte des personnes en situation de précarité ou sous-main de justice dans les politiques nutritionnelles. Enfin, le futur PNNS devrait gagner en efficacité en s’appuyant sur une gouvernance locale renforcée.