La multiplication d’intrusions de militants de la cause animale dans des élevages exaspère les producteurs. Des actions chocs, filmées à visage découvert chez des éleveurs de poulets ou de porcs, et menées au mépris du respect de la propriété privée, mais aussi des règles de biosécurité, voire du respect du bien-être des animaux. Des milliers de dindes sont ainsi mortes étouffées à cause de la méconnaissance par les activistes du caractère craintif de ces animaux. Les auteurs de ces actions doivent être poursuivis en justice, même si cela peut servir de caisse de résonance médiatique à des organisations antispécistes. Car, sous couvert de défendre le bien-être animal, c’est la fin de l’élevage que visent ces militants. Évidemment, il faut ensuite que des condamnations soient prononcées.

C’est ce qui est arrivé à des végans qui n’avaient pas hésité à vandaliser des boucheries ou incendier des restaurants dans la région de Lille : ils ont écopé de plusieurs mois de prison ferme. Un verdict qui refroidit les ardeurs d’individus qui finissent par se croire tout permis. Car ces militants violents veulent, par leurs actions, inciter à l’arrêt de la consommation de viande. Plusieurs observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à les qualifier d’« idiots utiles » de l’industrie de la viande artificielle, que celle-ci soit d’origine végétale ou issue de culture cellulaire. Une industrie naissante de la viande in vitro (leurs promoteurs préfèrent dire « viande propre »), qui se voit un avenir radieux en milliards de dollars et intéresse les patrons de la Silicon Valley ou d’autres grands groupes. Ne prenons pas cela à la légère et voyons-y une convergence d’intérêts, avec notamment le financement d’ONG par certains d’entre eux. La fondation Open Philanthropy, dirigée par des anciens de Facebook, a ainsi accordé en 2017 un don de 1,14 million d’euros à l’association française L214 pour soutenir le bien-être des poulets de chair en France, se félicitant de ses actions contre les œufs en cage. Or, il y a deux semaines, l’association manifestait sur ce sujet à Rennes… Plus l’élevage sera discrédité dans l’opinion et plus de gens seront convaincus qu’il ne faut plus manger de « viande sur pied » ou en manger moins. Et évidemment, plus les investisseurs ayant placé leur argent dans les start-up de la viande produite en laboratoire feront des bénéfices. Un rapport de l’École de guerre économique analyse d’ailleurs la situation. Son titre est évocateur : « Perdre une guerre économique : l’exemple de la filière viande en France. » Aussi, ne soyons pas trop naïfs !