Denis Jamet, Jean-Philippe Desdions et Thibault Lecomte se sont lancés dans l’aventure de la production de chanvre avec l’idée de la développer localement. Les avantages agronomiques de cette plante sont bien connus : peu d’intrants et de consommation d’eau. « Elle répond parfaitement à nos besoins de diversification en zones intermédiaires », souligne Jean-Philippe Desdions, qui en cultive une dizaine d’hectares à Saint-Germain-des-Bois, dans le Cher.
Leur société BerryChanvre s’est rapprochée de la communauté d’agglomération de Bourges pour implanter du chanvre sur les parcelles de la zone de captage d’eau potable. Pour les débouchés, les trois agriculteurs structurent une filière locale autour de la chènevotte (paille de chanvre) avec Envirobat, qui promeut la construction durable. La graine de chanvre, à destination de l’alimentation animale, humaine ou de la cosmétique, est valorisée grâce à divers canaux, comme l’entreprise Berry Graines.
Une valorisation technique de la fibre
Tout est local, à l’échelle du département du Cher, sauf… le défibrage. C’est l’enjeu à clarifier concernant le chanvre produit dans la Région Centre-Val de Loire. Les investissements dans une usine de défibrage étant lourds, la paille est envoyée à Agrochanvre, en Normandie. « Le coût logistique est de 30 à 40 €/t. C’est un modèle ni durable, ni écologique », ajoute Denis Jamet, céréalier à Soye-en-Septaine.
Les trois associés ont rencontré les Chanvriers Mellois en novembre 2024. Ce groupe d’agriculteurs des Deux-Sèvres a mis au point une unité de transformation qui permet d’obtenir de la laine isolante à la chènevotte labellisée, en passant par des mélanges plus ou moins fibrés. « Nous n’avons pas encore choisi notre process, explique Jean-Philippe Desdions. Nous nous orientons vers une valorisation technique de la fibre. »
Pour arriver à rentabiliser l’outil de défibrage, les producteurs visent 200 à 300 ha, répartis chez plusieurs agriculteurs. En 2024, la météo a compromis le développement de la culture. Les surfaces en 2025 vont stagner à 50 ha, faute de disponibilité en semences. Pour l’année 2026, 120 à 150 ha sont prévus.
(1) Paille de chanvre.