Le congrès de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé et autres céréales) a eu lieu jeudi 25 mai 2023 à Paris. Il avait pour thème : « L’ambition d’une compétitivité responsable ». L’occasion pour Eric Thirouin, son président, de rappeler qu’il existe beaucoup de demandes d’évolution des exploitations agricoles, voire de ruptures, avec des défis qui peuvent être compliqués. « C’est possible à une seule condition, c’est que l’on reste compétitifs ! », a-t-il martelé.

« Pour relever l’ensemble de ces défis, il faut de l’ambition et évidemment le faire en responsabilité. C’est-à-dire que si ça n’est pas possible, on bloquera ! Cette responsabilité doit d’ailleurs aussi s’appliquer sur les politiques, avec des demandes qui doivent rester responsables ! », a ajouté ce dernier. En effet, avec les prix des céréales en baisse et des charges élevées, il y a actuellement un phénomène d’effet de ciseaux, qui inquiète les céréaliers.

Alternatives réalistes

Sur la planification écologique, il est demandé à la profession de travailler sur une feuille de route de décarbonation et de trouver des alternatives aux produits de protection des plantes. « Nous serons extrêmement vigilants sur ces deux sujets », a souligné Eric Thirouin.

Le 27 février 2023 au Salon de l'agriculture, la Première ministre avait annoncé le déploiement d’une nouvelle méthode de travail sur les produits phytosanitaires, qui inquiète là aussi la profession. D’autant qu’entre-temps, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a pris plusieurs décisions contraignantes, au sujet notamment du s-métolachlore, utilisé pour désherber les cultures de printemps, ou encore de la phosphine, insecticide appliqué sur les céréales exportées. « Sur les moyens de production, notamment les engrais et les produits phytosanitaires, si on nous dit  “on va vous aider à chercher des alternatives” et qu’en même temps on nous fustige sur certains de produits, on a du mal à savoir quelle est la stratégie ! », a appuyé Eric Thirouin, qui a stipulé qu’il ne pouvait avoir d’interdiction sans solution.

Les céréaliers ont par ailleurs estimé être « moteurs » pour construire la feuille de route de décarbonation. « Mais la question est : est-ce que le chemin va nous conduire à une baisse des revenus ou pas ? Car je rappelle que la décarbonation se fait en produisant », a insisté le président de l’AGPB.

S’adapter au dérèglement climatique

« Les deux sujets viennent corréler celui des grands enjeux, notamment d’adaptation et d’atténuation, qu’on a au sujet du dérèglement climatique, a stipulé à cette occasion Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. Sur la question de la trajectoire carbone, l’agriculture est le seul secteur en capacité d’en stocker. Un effort exigeant est certes demandé à l’agriculture. Mais il tient compte du fait qu’il y a besoin de produire plus de biomasse. C’est donc, si l’on veut produire au moins autant, si ce n’est plus : de la photosynthèse, de la biomasse, de l’eau, des engrais et des phytos. »

« Je sais qu’il y a une inquiétude sur le sujet de la planification. Mais sur les phytos, il faut seulement indiquer, pour les molécules qui vont bientôt être examinées, s’il existe des alternatives, où sont les difficultés et les besoins en recherche », a tenté de rassurer le ministre.