«L’élevage des veaux en extérieur, c’est pour le bien-être de l’animal et de l’éleveur ! », lance Éric Lepage, éleveur laitier à Saint-Jean-des-Baisants, dans la Manche. Installé depuis 1995, Éric a converti son exploitation à l’agriculture biologique en 2010. Sortir les génisses dès le plus jeune âge ? « Le déclic s’est fait lors d’un séjour en Angleterre, où j’ai visité un élevage comptant plus de 100 petites génisses dehors. J’ai aimé le principe et voulu le reproduire chez moi. »
Dans un premier temps, l’éleveur a travaillé sur le regroupement des vêlages de son troupeau de normandes. « J’ai réparti les mises bas en deux périodes. 50 % des vaches vêlent au printemps, sur les mois de mars et avril. Ces vêlages sont exclusivement issus d’inséminations artificielles (IA), pour le renouvellement du troupeau laitier. Cela me permet de profiter de la pousse de l’herbe pour les vaches et leur suite.
L’autre moitié du troupeau vêle en août et septembre, avec des veaux issus d’un taureau de race blonde d’Aquitaine, destinés à la vente. Ainsi, je n’ai pas d’IA ni de vêlages en hiver. »
Avec son salarié, Éric s’est lancé dans l’aménagement d’un parc extérieur dédié aux jeunes veaux. « Le parc fait 800 m2, avec une clôture en bois doublée de deux fils barbelés. Quant à l’abri, nous l’avons construit avec des matériaux de récupération. Il est orienté plein est. Nous avons également installé des abreuvoirs isothermes. Le coût s’élève à 1 000 € environ. »
Souplesse de travail
Le premier lot de génisses est sorti à l’herbe au printemps 2016 et l’expérience a été renouvelée cette année. « Je ne reviendrais pas en arrière », confie Éric. L’éleveur apprécie la souplesse de travail offerte par ce système. « Je n’ai plus de niches à vider, ni de veaux à déplacer. Avec les vêlages de printemps, j’obtiens des lots homogènes. Les génisses sont rustiques et solides, notamment au niveau des pattes. Le parc étant exclusivement dédié aux jeunes veaux, je ne réalise pas de traitement antiparasitaire. »
Pour toute la phase lactée, l’éleveur utilise du lait yaourté. « Je le fais fermenter pendant 12 heures. Je peux ainsi soigner les veaux le matin avant la traite avec le lait de la veille, et inversement. » Enfin, Éric apprécie la « sociabilité » de ses génisses. « Désormais, ce sont les veaux qui viennent à moi, et pas l’inverse ! »