«En 2016, après trois crises laitières, le prix du lait était si bas, et les cessations d’activité si nombreuses dans le Sud-Ouest, que j’ai voulu agir pour revaloriser notre production, raconte Thierry Ségouffin, éleveur de 70 vaches prim’holsteins à Guizerix et président de la SAS Lait Fleurs de Bigorre. Je suis allé voir des collègues et nous avons réalisé une étude de marché auprès des clients de la grande distribution. Leurs attentes portaient sur un lait de provenance locale et tracée, une alimentation des vaches sans OGM, avec des fourrages de la ferme, et sur le bien-être animal. Nous avons alors rédigé un cahier des charges prenant en compte ces remarques et expérimenté, pendant deux ans, une nouvelle façon de travailler. Pour pouvoir vendre notre lait à plus d’un euro le litre en rayon, il devait répondre à ces critères qualitatifs. »

Ces nouvelles exigences entraînent un surcoût sur l’alimentation et le temps de travail, car l’introduction de couverts et de légumineuses dans l’assolement est devenue obligatoire. Mais les éleveurs réalisent des économies en achat de protéines végétales, qu’ils cultivent désormais. Dix-neuf producteurs ont rejoint Thierry Ségouffin et ont créé, en juin 2018, la SAS Lait Fleurs de Bigorre, et la marque Blanc des Hautes-Pyrénées, pour commercialiser leur lait. Seuls les éleveurs sous contrat avec Danone et Savencia (ex-Bongrain) ont eu l’autorisation de se joindre au mouvement et d’utiliser une partie de leur production pour cette diversification, contrairement aux adhérents des coopératives. Le lait est collecté toutes les trois semaines, conditionné à façon en briques d’un litre demi-écrémé par l’usine Sodiaal de Lons (Pyrénées-Atlantiques), puis stocké sur une plateforme à Maubourguet (Hautes-Pyrénées).

50 000 litres en janvier

Les ventes ont commencé début janvier 2019. Le lait est acheté aux éleveurs au prix fixe de 380 €/1 000 l, auquel s’ajoutent les primes qualité. Le prix conseillé en magasin est de 1,05 €/l, mais certaines enseignes montent à 1,20 €. En janvier, 50 000 l ont été écoulés dans une douzaine de supermarchés des Hautes-Pyrénées. Les éleveurs espèrent vendre 1 Ml, soit 880 000 briques, dès la première année, ce qui représenterait 15 % de leur production, puis élargir leurs ventes aux départements limitrophes.

Si la démarche fonctionne, les deux laiteries leur permettront de commercialiser sous cette marque jusqu’à 50 % de leur production. Celles-ci préfèrent conserver des fournisseurs dans la région, même avec une collecte réduite, que de les voir disparaître. Elles apprécient aussi le passage au non-OGM.

Florence Jacquemoud