Préservation de la faune sauvage : Protéger le gibier lors des chantiers de fauche

Les actions commerciales de morte-saison viennent de débuter et il est temps de commander sa future faucheuse pour être en mesure de l’utiliser lors de la prochaine campagne. Parmi les options qui font leur apparition en 2022, le catalogue Pöttinger intègre la solution SensoSafe. Cette barre de détection est conçue pour éviter de happer des faons et le petit gibier avec les couteaux de la faucheuse.

Au-delà du traumatisme pour le chauffeur de la machine et de l’arrêt nécessaire du chantier pour nettoyer le matériel, ce type d’accident peut fortement pénaliser la qualité de la récolte. Ainsi, il suffit de quelques paquets d’herbe contaminée par les restes de l’animal pour détruire tout un silo.

Des capteurs dans le proche infrarouge

La solution proposée par quelques sociétés de chasse est de survoler la parcelle à faucher, au moins pour la première coupe, avec un drone équipé de caméras thermiques. Néanmoins, le succès de cette pratique dépend de la différence de température entre l’animal, la végétation et le sol, une condition difficile à obtenir lors de beaux après-midi de printemps.

La solution la plus pratique est de réaliser la détection directement sur la faucheuse. C’est la technique retenue par Pöttinger avec la barre SensoSafe. Une rampe montée devant la faucheuse embarque une barre de capteurs fonctionnant dans le proche infrarouge. Grâce à leur propre source lumineuse, ces derniers éclairent le fourrage, qui à son tour réfléchit la lumière. Un animal couché dans le fourrage renvoie un spectre lumineux très différent de ceux du sol et de l’herbe. L’éclairage actif permet de s’affranchir du rayonnement solaire. De plus, il est possible d’ajuster la sensibilité des capteurs en fonction des conditions de travail.

Un relevage automatique

Un signal sonore retentit dans la cabine lorsqu’un animal est détecté. Si la barre SensoSafe est montée sur une faucheuse arrière, le chauffeur doit s’arrêter puis relever la barre de coupe manuellement. Dans le cas d’un montage sur la faucheuse frontale, le relevage est automatique. À cet effet, le constructeur autrichien se sert d’un accumulateur de pression, ce qui évite de solliciter l’hydraulique du tracteur.

Des contraintes à l’utilisation

Les barres de détection mesurent 3 m de large et pèsent 100 kg pour la version frontale et 130 kg pour les faucheuses latérales. Dans le cas du montage frontal, la présence de la barre ajoute 22 cm supplémentaires vers l’avant, ce qui créé un porte-à-faux. En outre, sur des tracteurs relativement légers, il peut être nécessaire de compenser le surpoids avec une masse arrière.

Par ailleurs, la deuxième limite du système est la vitesse du chantier, qui ne doit pas dépasser 8 km/h lors d’une première coupe afin de conserver une efficacité­ de 92 %. Selon les essais réalisés en Allemagne, la fiabilité du dis­positif baisse de façon drastique à partir de 10 km/h.

Enfin, le prix du système, autour de 8 000 euros, risque de freiner l’investissement, en l’absence de subventions.

Corinne Le Gall