En andainant à plus de 15 km/h, et parfois jusqu’à 20 km/h avec une largeur maximale de 9,60 m, Jean-Paul Le Bihan atteint un débit de chantier de 7 ha/h grâce à l’andaineur à soleils de la Cuma des Trois cantons. Le modèle est un Tonutti V16 Millenium Pro à 16 soleils. Acheté en 2016, il a remplacé un Tonutti V14, qui était présent dans la Cuma depuis une dizaine d’années.

 

 

Jean-Paul Le Bihan vient de transmettre à sa fille, Estelle, l’élevage laitier biologique de l’EARL de l’Aubépine, situé à Surzur, dans le Morbihan. Depuis plusieurs années, l’exploitation utilise ce type de matériel pour certains chantiers de foin. « Cela dépend de la parcelle et du fourrage, précise-t-il. Il ne séduit pas les adhérents de la Cuma pour l’ensilage d’herbe par exemple, qui lui préfèrent l’andaineur à double rotor dont nous sommes également équipés. Pour du foin de prairie naturelle, fané trois fois tel qu’ici, c’est en revanche très intéressant, surtout dans les parcelles pas trop biscornues. »

 

Derrière la béquille, deux soleils peuvent travailler le cœur de l’andain. Ici, Jean-Paul et Estelle avaient effectué trois fanages et étaient satisfaits du séchage. Ils ont donc enlevé ces soleils pour limiter les risques de bourrage. © G. Baron
Derrière la béquille, deux soleils peuvent travailler le cœur de l’andain. Ici, Jean-Paul et Estelle avaient effectué trois fanages et étaient satisfaits du séchage. Ils ont donc enlevé ces soleils pour limiter les risques de bourrage. © G. Baron

Une simplicité de principe

L’outil pèse 1,6 t et se veut très simple. Il requiert une faible puissance de traction, avec un besoin de 60 à 80 ch pour plus de 9 m de largeur. De plus, il ne nécessite pas de prise de force. C’est l’avancement du tracteur qui fait tourner les soleils et permet de réunir le fourrage. Ces derniers sont montés sur des roulements et « se passent » la matière de proche en proche en tournant sur eux-mêmes. Seulement deux distributeurs hydrauliques sont nécessaires. Le premier contrôle le vérin central, qui gère l’angle d’ouverture de l’andaineur, tandis que le second actionne la descente ou la levée des soleils, que ce soit pour la position « route », ou « passage d’andain ».

« Pour une meilleure efficacité, je garde les bords de champs pour la fin de la parcelle, livre l’agriculteur. La machine mesure 10 m de longueur et les manœuvres nécessitent un peu d’entraînement, vu la taille de l’engin. Toutefois, il est équipé d’un essieu directionnel qui facilite sa manipulation. »

Des manivelles servent à ajuster la hauteur des soleils, et ainsi leur agressivité. Il y en a une de chaque côté de la machine. © G. Baron
Des manivelles servent à ajuster la hauteur des soleils, et ainsi leur agressivité. Il y en a une de chaque côté de la machine. © G. Baron

 

La morphologie de l’appareil offre, en outre, des atouts pour l’ancien éleveur. « Contrairement à l’andaineur à rotors, celui à soleils est constitué d’un grand nombre d’éléments qui bougent indépendamment les uns des autres. Il suit mieux les petites dénivellations du terrain, et ramène moins de terre ou de cailloux dans l’andain. Par contre, l’agressivité ne se règle pas hydrauliquement mais manuellement sur ce modèle, à l’aide de deux manivelles qui fixent une butée pour bloquer la descente des soleils et verrouiller leur hauteur. L’un des intérêts de cette machine est aussi la facilité avec laquelle nous ajustons la largeur de travail en direct, en jouant sur un seul distributeur. » C’est dans les grands espaces que l’utilisation de cet andaineur prend tout son sens, quand il peut faire parler son débit de chantier. Sa taille est, cependant, un handicap lors du transport et complique parfois l’entrée dans certaines parcelles.

 

 

L’alignement des soleils agit comme des râteaux sur une largeur allant jusqu’à 9 m. Avec une vitesse d’avancement entre 14 et 20 km/h, le débit de chantier offert est un atout de poids pour cet outil. © G. Baron
L’alignement des soleils agit comme des râteaux sur une largeur allant jusqu’à 9 m. Avec une vitesse d’avancement entre 14 et 20 km/h, le débit de chantier offert est un atout de poids pour cet outil. © G. Baron

Des légumineuses préservées

L’andain obtenu est différent de celui d’un andaineur à rotors. « Ce qui gène les agriculteurs qui font de l’ensilage d’herbe, ce sont les brins alignés dans la longueur de l’andain, explique l’exploitant. Cela affecte la qualité du hachage par l’ensileuse. Néanmoins, j’y trouve un avantage certain sur des légumineuses, notamment la luzerne. La prise du fourrage est moins violente qu’avec les rotors et la feuille est préservée. Or, c’est là que se concentre la matière azotée. La qualité ainsi que l’appétence du produit obtenu sont meilleures grâce à ce respect de la partie foliaire de la plante. »

 

 

Sur ce modèle, la largeur de l’andain varie de 1,20 à 2,10 m en jouant sur l’angle d’ouverture des deux derniers soleils, situés derrière le châssis arrière. Ce réglage s’effectue manuellement. © G. Baron
Sur ce modèle, la largeur de l’andain varie de 1,20 à 2,10 m en jouant sur l’angle d’ouverture des deux derniers soleils, situés derrière le châssis arrière. Ce réglage s’effectue manuellement. © G. Baron

Enfin, Jean-Paul souligne la limite de ce matériel lorsque le volume à andainer est trop important. Une partie du fourrage est alors perdue et des bourrages peuvent survenir. D’après Christopher Brachet, de la FD Cuma du Morbihan, il faut compter entre 13 000 et 17 000 euros pour un tel andaineur. Concernant l’entretien, la référence du réseau Cuma est de 0,70 euro/ha (contre 1,40 euro/ha pour un double rotor).

Gildas Baron