Le Gaec de la Ruelle, à Treffendel (Ille-et-Vilaine), compte 300 ha de SAU, un atelier de 140 vaches laitières et un autre de 180 taurillons. Cette année, avant de démarrer la saison de fauche, les quatre associés ont installé une barre d’effarouchement devant le tracteur. Son objectif : faire fuir le gibier.

Lièvre, perdrix, faisan, chevreuil…, de nombreuses espèces trouvent refuge dans les parcelles situées en lisière de forêt, sur le bassin versant qui alimente la ville de Rennes en eau potable. « Nous préférons voir le gibier fuir, confirme Jean-Michel Massue, l’un des associés du Gaec. Il nous importe de protéger la biodiversité. Depuis de nombreuses années, nous pratiquons une agriculture raisonnée, nous sommes soucieux de la qualité de nos sols et de l’eau. »

Les agriculteurs ont investi dans une barre d’effarouchement à tubes Lenormand, pour un montant de 2 500 € (HT). Elle est conçue pour un tracteur avec relevage avant. Celui utilisé pour la fauche sur l’exploitation n’en disposant pas, l’éleveur a adapté son matériel. « J’ai récupéré un ancien attelage de herse rotative que j’ai ajusté pour le monter sur la fourche », explique l’éleveur. Il permet un réglage complet de la hauteur et ainsi de couper des méteils assez haut. « Grâce à ce dispositif, on a gagné 1 mètre devant le tracteur, ce qui laisse le temps au gibier de fuir », ajoute-t-il.

« Des suivis menés sur ce type d’outil ont permis de démontrer leur efficacité, à condition de respecter certaines préconisations », explique Philippe Baudron, technicien à la Fédération de chasse d’Ille-et-Vilaine. Le réflexe de la plupart des animaux est de ne pas bouger face au danger. Ils utilisent la même stratégie vis-à-vis des engins agricoles.

« Par rapport au schéma classique de fauche consistant à tourner de l’extérieur vers l’intérieur de la parcelle, il faut adapter le parcours. L’objectif est de laisser une solution de sortie au gibier », précise le technicien. Il conseille un détourage de la parcelle, puis un broyage ou fauchage en démarrant soit par le centre, soit par un côté détouré. Par exemple, si la parcelle longe des éléments naturels (bois…), commencer à l’opposé pour laisser aux animaux la possibilité de s’y réfugier. Au contraire, le long d’un axe routier, démarrer côté route.

 

Adapter la vitesse de travail

« L’utilisation d’une barre d’effarouchement n’a de sens que si la vitesse de travail est inférieure à 10 km/h et que le chauffeur reste attentif aux animaux qui tentent de s’enfuir », ajoute Philippe Baudron. Il faut notamment adapter sa vitesse lors des premiers tours. Ce sont souvent les 15-20 premiers mètres qui sont exploités (mises bas…). Enfin, la largeur minimum du bras doit correspondre à celle de l’outil arrière.

Ray-grass, méteils, parcelles de fauche…, le Gaec a plus de 80 ha de surfaces à couper avant de semer les maïs. « L’idéal serait de faire un bilan à la fin de la saison pour voir le véritable impact », conclut Jean-Michel Massue.

Isabelle Lejas