On pensait que l’affaire était entendue et que les machines à rotors avaient définitivement gagné la bataille de l’andainage. Mais depuis quelques années, des solutions alternatives font leur apparition ou reviennent sur le devant de la scène, après plusieurs décennies dans l’ombre.

Pour certains, comme les andaineurs à soleils, c’est d’abord le prix qui explique le retour en grâce. Pour les tapis, qui ont toujours été populaires sur les chantiers de luzerne, l’argument principal est la qualité du ramassage.

Prix attractif

L’andaineur à soleils traîne son image de machine de grand-père. Pourtant, s’il a perdu la faveur des agriculteurs français dans les années quatre-vingt, il est toujours la solution privilégiée en Amérique du Nord et dans le sud de l’Europe. Les éleveurs lui reprochent de ramasser trop de terre et de contaminer le fourrage. Pourtant, selon les spécialistes du foin de plusieurs chambres d’agriculture, tout ne serait qu’une affaire de réglages. Les dents doivent être libres car, si elles exercent trop de pression au sol, elles tirent le fourrage, ce qui provoque l’enroulement de l’andain et le ratissage des pierres et de la terre. Le travail sur la pleine largeur favoriserait aussi l’enroulement, ce qui conduit certains éleveurs à prendre une marge de sécurité d’un mètre.

Le constructeur italien Tonutti est l’artisan du retour de l’andaineur à soleils sur le marché français. Si la solution offre des atouts techniques par rapport aux andaineurs à rotors, comme l’absence d’influence du régime moteur sur la qualité de travail, puisque l’outil est autoanimé, son principal argument reste son prix. À largeur de travail équivalente, Tonutti annonce des tarifs 20 % inférieurs à ceux d’une machine à deux rotors. Mais, en raison de leur image désuète, leur valeur de revente est faible.

Récemment, le constructeur finlandais Ehlo a remis le râteau-faneur au goût du jour avec son V-Twin. L’engin embarque deux éléments disposés sur un châssis traîné. Les dents sont montées sur un insert en caoutchouc qui soulève le fourrage. Le râteau Ehlo est animé hydrauliquement, il n’est pas nécessaire de mettre les dents en pression sur le sol pour entraîner l’outil. Le risque de contamination du fourrage par la terre ou des pierres est donc plus faible qu’avec des soleils.

Le prix est dans les mêmes ordres de grandeur que pour un andaineur double rotor de largeur équivalente. En revanche, le besoin en puissance est plus faible.

Qualité avec le tapis

Si, comme leurs homologues à rotors, les andaineurs à soleils et à râteaux travaillent aussi bien sur herbe que sur paille, ils trouvent leurs limites dans les récoltes très délicates.

Ainsi, l’andaineur à tapis est la solution privilégiée par les unités de déshydratation de luzerne. L’italien Roc a longtemps été en situation de quasi-monopole sur ce marché. Depuis peu, Kuhn, Reiter et le slovène Sip l’ont rejoint. Qu’il s’agisse d’un andaineur de 3 mètres monté sur le relevage avant ou d’une solution traînée de 9 mètres, le principe est toujours le même. Un pick-up ramasse le fourrage et le dépose sur un tapis. La matière est ensuite transportée sur les bords ou au centre de la machine, en fonction du type d’andain que le chauffeur souhaite accomplir.

Les andaineurs à tapis réalisent des andains réguliers et aérés, tout en montant très peu de terre dans le fourrage. Ils offrent aussi un débit de chantier séduisant, avec la possibilité de travailler autour de 20 km par heure. En revanche, les versions traînées sont des matériels très lourds qui nécessitent de la puissance de traction. La technicité du matériel oblige à le confier à un chauffeur confirmé, ce qui n’est pas le cas d’un andaineur à rotors.

Enfin, c’est au niveau du prix que le bât blesse, avec un prix d’achat autour de 100 000 euros pour la version de 9 m. La FD Cuma de Haute-Loire a estimé à 40 €/h le prix de revient d’un chantier de fenaison avec un andaineur à tapis, contre 30 €/h pour un andaineur à rotors, et 20 €/h pour une solution à soleils.