Christophe Boulo et son associé Serge Mouraud élèvent des vaches laitières à Saint-Jacut-les-Pins, dans le Morbihan. Ils pratiquent l’affouragement en vert depuis une dizaine d’années.

« Différentes raisons nous ont menés à cette pratique, raconte Christophe. L’exploitation est coupée en deux par une route départementale fréquentée. Faire traverser les bêtes pour la traite était possible mais nous sommes passés au robot il y a douze ans. Depuis, seuls 23 ha sont accessibles pour les laitières. À l’arrivée du premier robot, il n’y avait qu’une quarantaine de vaches. Nous avons agrandi progressivement le troupeau. L’affouragement en vert est devenu une évidence. Aujourd'hui, nous avons 90 laitières. »

Onze mois sur douze

Le Gaec de Bois l’Enfant achète alors une remorque faucheuse autochargeuse à déport latéral d’occasion. Ce matériel est renouvelé cinq ans plus tard. L’investissement représente un peu plus de 30 000 € (équipement neuf), que les associés comptent amortir en sept ans. La machine actuelle, une Jeulin Palès 300, embarque 30 m3 d’herbe. « C’est le volume une fois déchargé, précise Christophe. La caisse de la remorque n’a une capacité que d’une vingtaine de mètres cubes, mais l’herbe y est compactée. C’est un outil tout à fait adapté à nos besoins. Nous nous en servons onze mois sur douze. L’affouragement en vert constitue un tiers de la ration des laitières. Je ramène environ 6 kg de matière sèche par vache avec une autochargeuse pleine, ça correspond à une économie de 2 kg de soja. Nous valorisons également les dérobés et nous allongeons le pâturage d’été, en évitant d’épuiser trop vite nos prairies accessibles. »

75 ch suffisent

Malgré un parcellaire morcelé, l’exploitation bénéficie d’un assolement occupé aux deux tiers par des surfaces herbagées. Pour Christophe, il est néanmoins nécessaire de distinguer les prairies de fauche des prairies pâturées. « Le pâturage peut légèrement déniveler la surface de la parcelle, la coupe n’est alors pas homogène. De plus, on ramasserait de la bouse pour la distribuer ensuite aux animaux, ce n’est pas le but. »

Concernant la récolte et la distribution des 4 tonnes de fourrage frais que contient l’autochargeuse, l’éleveur compte entre 30 et 40 minutes de travail. « La durée nécessaire à l’exécution de ces tâches dépend de l’éloignement de la parcelle, mais également de la hauteur de l’herbe et des conditions météorologiques. Un tracteur de 75 ch suffit pour cette remorque. Cependant, il ne faut pas moins quand l’herbe est humide. La distribution peut être un peu ralentie, mais l’herbe ne bourre pratiquement jamais. Les chaînes du fond de caisse mouvant peuvent tourner dans les deux sens, de même que le tapis de distribution à l’arrière. Nous pouvons ainsi décharger à gauche comme à droite », précise l'éleveur morbihannais.

Coupe hydraulique

La machine est animée par l’hydraulique. Les distributeurs du tracteur sont ainsi mobilisés par les nombreuses fonctions de cet outil. Le déport latéral de l’autochargeuse par rapport au tracteur occupe une prise hydraulique, de même que la hauteur de coupe, le fond de caisse mouvant ou l’ouverture arrière de la remorque.

La prise de force du tracteur est elle-même reliée à une centrale hydraulique. Cette dernière alimente les démêleurs et le tapis de déchargement, mais également le convoyeur et le groupe de fauche. « Lorsqu’il y a un corps étranger volumineux, il y a moins de casse qu’avec une transmission purement mécanique », estime Christophe.

Cette coupe à moteur hydraulique est constituée de deux tambours garnis de quatre couteaux chacun. « Je change le jeu de couteaux deux à trois fois par an. Des ray-grass italiens ou hybrides sont tendres et faciles à couper. Cependant, il faut s’assurer que les couteaux soient correctement affûtés quand on part récolter du ray-grass anglais ou du colza, souligne l’éleveur. En dehors de cela, le seul entretien consiste à graisser les roulements de manière régulière et à vérifier la tension du convoyeur. »