« De nombreuses exploitations apicoles risquent de ne pas passer l’hiver et de mettre la clé sous la porte », avertit la FNSEA dans un communiqué de presse diffusé ce mardi 5 décembre 2023. Pour répondre aux besoins des apiculteurs qui ne parviennent plus à écouler leur production en raison de la concurrence déloyale et de l’inflation, la FNSEA demande le déblocage d’aides d’urgence et une révision approfondie de la directive européenne sur le miel.

Alors que les négociations autour de la directive sont en cours, le syndicat agricole revendique un certain nombre de mesures. Un pot de miel pouvant contenir plusieurs miels d’origine différente, ils plaident pour un étiquetage précis, obligatoire, de la liste des pays de chaque miel utilisé. Les noms des États devront être rangés par ordre décroissant avec la mention des proportions exactes en pourcentage. À cela, le syndicat réclame un renforcement de la traçabilité et le développement de méthodes d’analyse améliorées et harmonisées à l’ensemble des pays européens.

Des pourcentages pour lutter contre les fraudes

Rappelons les faits. Pour les conditionneurs français, les étiquettes doivent indiquer la provenance des miels conditionnés sur le territoire. En prime, les origines doivent être écrites par ordre décroissant. À titre d’exemple, un conditionneur allemand peut commercialiser ses produits sur le marché français sans avoir recours à tant de précision.

De son côté, la directive européenne sur le miel impose déjà la mention des origines sur les étiquettes par ordre pondéral décroissant. À l’époque des négociations, les conditionneurs avaient toutefois obtenu une dérogation pour les mélanges composés par un nombre important de miels. Cette option permet les mentions « miels originaires d’Union européenne » ou « miel non originaire d’Union européenne ». « Malheureusement, l’exception est devenue la règle aujourd’hui. Nous voulons supprimer cette option de la directive pour que les conditionneurs français ne soient pas défavorisés par rapport à leurs concurrents étrangers », déplore Eric Lelong, président de la commission apicole de la FNSEA.

« Ce qu’on demande, c’est de rendre obligatoire l’affichage des origines dans l’ordre décroissant pour tous les États membres et de mettre les pourcentages exacts en plus de l’origine du pays pour toute l’Europe pour informer les consommateurs ! », martèle Eric Lelong. En l’absence d’analyses de laboratoire permettant de déterminer les pourcentages exacts, l’affichage de leurs proportions permettrait de mieux caractériser les fraudes, selon lui.

« Grâce aux pourcentages, on peut facilement vérifier avec un comparatif des stocks et de la comptabilité s’il y a une fraude. » Le 12 décembre 2023, la position arrêtée du Parlement européen sera votée en plénière. Elle devrait normalement déboucher sur un trilogue avec la Commission européenne et le Conseil européen pour définir les modifications définitives de cette directive.

Des demandes d'aides en cours

La liste des revendications de la FNSEA ne s’arrête pas là. « Il faut un renforcement des méthodes d’analyses harmonisées et reconnues, intégrées à la directive, pour caractériser les miels qui n’en sont pas ou adultérés », expose le syndicaliste.

Un dispositif d’aide d’urgence a également été formulé à l’interprofession du miel et des produits de la ruche InterApi. Il regroupe une aide d’urgence immédiate pour la trésorerie des entreprises apicoles, une aide sur les investissements avec un report sur les annuités pendant un an et une aide de prise en charge des cotisations sociales. D’autres propositions pour « définir un plan d’action visant à développer des solutions structurelles à court, moyen et long terme » sont en cours, aux dires du syndicat majoritaire.

D’autres syndicats agricoles se mobilisent au sein de la filière. Face aux difficultés de commercialisation du miel rencontrées par les apiculteurs professionnels et la concurrence déloyale des importations, une centaine d’apiculteurs français se sont réunis ce jeudi 30 novembre 2023 à Paris, aux côtés de la Confédération paysanne, de l’Unaf et du SNA.