D’ici la fin de l’année, le groupe REWE veut proposer des œufs éthiques dans près de 5 500 magasins. Le poids lourd de la distribution outre-Rhin étend son dispositif après une expérimentation concluante menée depuis 2016. Les consommateurs sont prêts à payer plus pour un produit proscrivant l’ébecquage et surtout le broyage des poussins mâles.

Surcoût pour le consommateur

Bientôt, ces œufs seront disponibles en différentes qualités (plein air, bio, élevage au sol). REWE est loin d’être seul sur le segment. De l’enseigne bio au supermarché à prix cassés, les distributeurs allemands multiplient les initiatives. Le surcoût pour le consommateur permet d’élever des poulets mâles, peu attractifs pour l’industrie, notamment en tournant le dos à la spécialisation des races destinées à la production d’œufs ou à la viande de volaille.

Ces mesures sont le premier pas vers un abandon de l’élimination des poussins mâles. En Allemagne, 45 millions d’entre eux sont tués, chaque année, juste après la naissance. En juin 2019, la justice administrative a mis en suspens cette pratique. Elle sera interdite, au nom de la protection garantie par la constitution, dès qu’une méthode de sélection en amont sera introduite.

C’est déjà en partie le cas. Avec un financement public, REWE a fait développer la technique Seleggt, de détection du sexe du poussin via un prélèvement dans l’œuf (lire La France agricole du 14 juin 2019, p. 28).

Les œufs « mâles » sont orientés vers une utilisation comme nourriture animale ou dans l’industrie cosmétique. Les produits qui en sont issus sont déjà dans le commerce, depuis près d’un an, dans la capitale allemande.

Cette méthode est cependant remise en cause par les protecteurs des animaux. La question porte sur la douleur ressentie par les embryons, car la législation interdit d’infliger des souffrances inutiles. Le seuil de la douleur est fixé au septième jour après la ponte. Or, la méthode Seleggt est pratiquée entre le huitième et dixième jour.

Procédure au laser

Le groupe Lohmann, géant mondial de l’élevage de poules pondeuses, mise sur une procédure au laser, déterminant le sexe à partir du quatrième jour. La méthode, développée par sa filiale AAT, est en phase de test. « L’automatisation de cette pratique pose une série de questions qui n’étaient pas prévisibles, précise Jörg Hurlin, directeur d’ATT. Certains défis, comme les pertes au niveau du taux d’éclosion, ont déjà été maîtrisés. Elles sont inférieures à 2 % actuellement.  » Mais la précision de la détermination du sexe demande encore des progrès, selon le dirigeant.

La solution « miracle » viendra peut-être d’Australie. Des chercheurs ont développé une méthode non invasive, grâce à une modification de l’ADN des poules. Les mâles sont ainsi dotés d’une protéine phosphorescente, qui permet de faire la sélection avec une lampe à UV.

Luc André