L
es gros chantiers prennent souvent du retard, c’est bien connu. Ceux ouverts par le gouvernement dans le secteur agricole n’y échappent pas. En mars déjà, le projet de loi sur la réforme de la SNCF a grillé la priorité à celui sur l’agriculture et l’alimentation à l’Assemblée nationale. Fin mai, les députés ont entamé l’examen de ce texte censé rééquilibrer les rapports de force dans les filières. Et faute d’accord avec les sénateurs, ce texte doit revenir en deuxième lecture devant le parlement à l’automne. Difficile d’imaginer qu’il sera applicable d’ici les prochaines négociations commerciales.
Le 31 juillet, c’est la réunion de fin de chantier de la réforme de la fiscalité agricole qui a été reportée. Pourquoi ? À cause de l’affaire Benalla et de la motion de censure discutée ce même jour par les députés. Eux qui se disent épuisés par le rythme que leur impose le gouvernement se préparent une rentrée chargée : avant d’examiner le projet de loi sur l’agriculture, ils devront se pencher sur la réforme constitutionnelle, elle aussi décalée en raison de cette motion de censure. Les délais pour négocier le contenu de cette réforme de la fiscalité avant la prochaine loi de finances sont courts.
Et lorsqu’ils reviendront de vacances, le gouvernement ou les parlementaires ne doivent pas penser que ces chantiers peuvent encore attendre parce que le marché des céréales aura flambé, avec le retour de la volatilité en prime. Tous les agriculteurs ne profiteront pas de cette embellie. Tous n’ont pas les moyens d’attendre que les cours grimpent pour vendre. Et les éleveurs pensent déjà à leur facture d’aliment qui s’alourdira, alors que leurs prix de vente sont loin de présenter les mêmes perspectives. Pour l’instant c’est un autre sujet qui les préoccupe : la sécheresse. Qu’il s’agisse d’assouplissements concernant les Cipan, de récolter les jachères ou de versement anticipé des aides Pac, mieux vaudrait ne pas tarder à concrétiser les possibilités que Bruxelles offre. Les agriculteurs n’ont pas le temps d’attendre !