Rarement un chargeur télescopique aura autant suscité l’impatience des agriculteurs que ce Scorpion 741. Il faut dire que l’annonce de l’arrêt de la collaboration avec Wacker Neuson (Weidemann, Kramer) avait provoqué un certain émoi chez les aficionados de ce chargeur télescopique plutôt haut de gamme. Le Scorpion avait réussi à se hisser à la quatrième place du marché, derrière les trois poids lourds de la manutention. C’est donc avec une certaine excitation que nous avons accueilli cette nouvelle formule, issue de la récente collaboration avec Liebherr.
Autant le dire tout de suite, les bases restent les mêmes, et toute ressemblance avec le Kramer n’est pas fortuite. Même moteur, même boîte, même joystick…, les similitudes sont nombreuses. Mais les différences aussi, d’où l’intérêt de comparer les deux.
Châssis et ponts
Le Scorpion 741 s’inscrit dans une gamme comportant 7 modèles, répartis entre les grands et les petits châssis. Notre Scorpion est le plus grand des petits châssis. La structure mécanosoudée est portée par deux ponts Liebherr équipés de freins immergés sur les quatre roues. Le Scorpion se montre peu agile dans la cour de la ferme, avec un diamètre de braquage de 8,32 m. Pour changer le mode direction, il suffit de tourner une molette placée au tableau de bord. Sur notre modèle de test, il est nécessaire de tourner les roues très lentement pour obtenir le réalignement semi-automatique, ce qui n’est pas normal. Nous avons donc supposé qu’il y avait un problème de capteur.
Claas propose un quatrième mode, appelé faux crabe. Les roues arrière sont bloquées selon un certain angle et celle à l’avant sont directrices. Cette solution est pratique pour curer ou désiler dans un vieux bâtiment. On se met en faux crabe en sélectionnant le mode deux roues directrices puis, tout en maintenant le bouton faux crabe appuyé, on tourne le volant jusqu’à obtenir l’angle souhaité avec les roues arrière. On retrouve un mode de direction normal en repassant en quatre roues directrices. Régime moteur et limiteur de vitesse se règlent avec une grande précision.
Moteur et transmission
Claas reste fidèle à la motorisation Deutz, avec le 3,6 litres de 136 ch. Ce bloc, conforme à la norme Tier 4 final, est équipé d’un Doc et d’un SCR. Comme sur tous les engins qui réalisent de nombreuses heures au ralenti, un bouton de régénération du Doc est présent en cabine. Le compartiment moteur est bien agencé, avec un accès rapide à tous les points de visite. La ventilation réversible s’active automatiquement pendant 30 secondes, toutes les 30 minutes.
Côté transmission, Claas reste fidèle à la VariPower à variation continue, avec trois plages de travail : 0-15, 0-30 et 0-40 km/h. Le changement de rapport peut s’effectuer en roulant.
Flèche
La flèche est ancrée plus bas que sur les précédentes versions, ce qui contribue à la bonne visibilité en cabine. Le bras a été légèrement recentré. Le télescope est protégé des souillures, grâce à de petites brosses tout autour du mat.
Ce Scorpion est équipé du même tablier que la version précédente, ce qui évite de renouveler les outils. Il propose quatre points d’ancrage, avec un verrouillage hydraulique horizontal. Trouver le bouton en cabine qui pilote ce verrouillage est un vrai jeu de piste. En effet, Claas a eu l’idée un peu saugrenue de le placer parmi les boutons situés dans le plafond de la cabine, sur la gauche. Au moins, on ne risque pas de déverrouiller l’outil par erreur. La commande de la sécurité anti-basculement EN 15000 est placée juste à côté.
Un bouton de décompression de la ligne hydraulique est situé sur la flèche. Un bip retentit en cabine jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pression dans le circuit. Le problème, c’est qu’avec le bruit du moteur, le bip est inaudible. Un second bouton placé en cabine joue le même rôle.
Notre modèle embarque deux circuits pour les fonctions hydrauliques auxiliaires. Le basculement de l’un à l’autre s’effectue avec une commande en cabine.
Joystick
Le joystick est un classique Claas, avec l’inverseur et le télescope sous forme de roulettes. Il n’y a pas d’inverseur au volant. Au sommet du levier prennent place les deux boutons des rapports de vitesse, et le basculement de l’électrovanne entre les deux circuits auxiliaires. En bas du joystick se trouvent le neutre de la boîte et la mémoire de position du tablier.
Au travail
Au chargement de paille, nous sommes immédiatement séduits par la visibilité sur l’outil et notre environnement. Le Scorpion propose le débit hydraulique le plus important au ralenti et ça se sent lorsqu’on prend plusieurs bottes. Le joystick est précis et confortable, même s’il n'est pas solidaire de l’accoudoir.
Au fumier, le Scorpion se montre tout aussi efficace et nous apprécions l’automatisme de retour en position du godet, qui s’active rapidement et fonctionne bien. En revanche, on regrette l’absence de la rentrée automatique du télescope lorsqu’on baisse le bras, une solution qui existait sur les précédentes versions. Nous remarquons aussi qu’en chargement intensif, de nombreux bips de sécurité polluent l’environnement sonore d’une cabine assez silencieuse.
La pédale de frein possède deux positions : inching sur les premiers centimètres et freinage ensuite. C’est pratique quand on a besoin de travailler à plein régime et évite d’avoir une troisième pédale.
Sur la route
Lors du parcours routier, le Scorpion est l’un des plus véloces. Il avale sans difficulté la côte du parcours. On regrette que la vitesse ne s’affiche pas directement au tableau de bord. Le frein de parking s’engage automatiquement lorsque la vitesse est nulle pendant deux secondes, ce qui est très sécurisant avec notre chargement. La suspension de flèche s’active automatiquement au-dela de 7 km/h.