Les mouillères sont des zones humides peu profondes, au cœur des parcelles agricoles, inondées une partie de l’année. Elles résultent d’un affleurement de la nappe phréatique ou d’une accumulation d’eau de ruissellement. On y retrouve des espèces végétales et animales rares et protégées : étoile d’eau, crapaud calamite, odonate, dytique, renouée amphibie… Le parc naturel régional (PNR) du Gâtinais français a dénombré plus de quatorze espèces protégées dans les dix mares et mouillères situées dans les parcelles de la ferme Chaillotine, à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne.
« Mais si rien n’est fait, les mouillères se referment naturellement et la biodiversité se dégrade, constate Camille Allard, productrice de fruits et légumes bio. Par ailleurs, l’eau qui ne peut plus être accueillie dans la mouillère se répand dans la parcelle et pénalise la croissance des légumes et la circulation d’engins. »
En lien avec un parc naturel régional
En parallèle, pas très loin de Chailly-en-Bière, « le groupe JMG Partners avait un projet d’extension immobilière, hors du territoire du Parc, sur un terrain agricole qui était reconnu comme zone humide auparavant, raconte Alexandre Emerit, responsable du pôle environnemental au PNR. Même si le mieux est de ne pas détruire de milieux écologiques, les sociétés qui le font doivent procéder à une compensation écologique au plus près de la zone qui disparaît. »
Alexandre Emerit ajoute : « Ils nous ont donc contactés et ont été mis en relation avec la ferme Chaillotine dont les mares et mouillères font partie des plus étendues et riches en termes de faune et flore de l’Île-de-France. Certaines méritaient une restauration ou un entretien régulier pour assurer leur conservation. »
Des financements
Une convention a été signée en 2022 entre le PNR, Camille Allard et son conjoint, et un représentant de JMG Partners. Le groupe a ainsi financé des études pour 3 000 €, des travaux de restauration de cette dizaine de milieux écologiques pour 45 000 €, et a versé 18 000 € aux agriculteurs pour l’achat d’une charrue et d’une herse rotative afin qu’ils puissent les entretenir, tous les ans ou deux ans (selon la météo), pendant 20 ans.
Labourer l’été
« Cette année, nous n’avons pas pu le faire à cause des conditions pluvieuses mais en principe, l’été, lorsque la mouillère est sèche, nous labourons pour maintenir un milieu pionnier, explique Camille Allard. L’automne et l’hiver, le surplus d’eau étant stocké dans la mouillère, la parcelle est plus saine, et les espèces protégées telles que l’étoile d’eau et le crapaud calamite se développent. Ce qui est en cohérence avec notre engagement pour le respect de l’environnement à travers notre certification en agriculture biologique. »
Des panneaux pédagogiques
L’agricultrice est également ravie de pouvoir communiquer sur cette riche biodiversité auprès de ses clients friands d’écotourisme. « Nous avons ouvert un magasin à la ferme en 2016 et l’une des mouillères se situe à l’entrée de l’exploitation, explique-t-elle. C’est un exemple concret de nos actions en faveur de l’environnement et les clients sont curieux de découvrir les espèces abritées dans ces zones humides. Deux panneaux pédagogiques ont été installés par le PNR. Nous avons aussi organisé à la fin de juin une animation à la découverte du crapaud calamite pour nos clients. »